Dessine-moi un mouton… au bord de l’autoroute !

Un mouton au bord de l'autoroute

Les moutons sont de bonnes tondeuses et les chèvres de bonnes débroussailleuses. D’excellentes recrues pour l’entretien des espaces verts, surtout ceux d’accès difficile.

Si vous roulez sur l’A43 entre Lyon et Chambéry, arrêtez-vous sur l’aire du Lavaret. Non seulement vous découvrirez une vue magnifique sur un panorama grandiose mais vous croiserez, sûrement, un troupeau de chèvres qui paissent tranquillement en contrebas.

À la bifurcation de Toul, sur l’A31, un autre troupeau : des chèvres lorraines cette fois, une race locale. Ailleurs sur l’A6, des moutons…

L’autoroute serait-elle devenue une immense ferme d’élevage ? « Depuis 2014, nous expérimentons l’éco-pâturage sur le réseau pour l’entretien de certaines zones avec un objectif à la fois environnemental et économique, explique Camille Delorme, Chef de projet Ingénierie et Maîtrise d’œuvre Environnement chez APRR. Nous sélectionnons soit des zones avec une topographie difficile d’accès pour les agents — fort talus, alentours de bassins de rétention d’eau —, soit de vastes prairies fastidieuses à tondre. »

En 2019, l’opération concernait 50 hectares. En 2021, la surface en éco-pâturage sera doublée sur l’ensemble du réseau.

Bon pour l’autoroute et pour la nature

En plus du côté « pratique » pour les services d’entretien, l’éco-pâturage apporte de nombreux avantages. Tout d’abord, il affiche un meilleur bilan carbone qu’une intervention mécanisée : « À l’économie d’essence s’ajoute le fait que les animaux consomment le carbone capté dans les prairies. Tout se passe comme si on faisait fonctionner une tondeuse en injectant l’herbe qu’elle coupe dans le réservoir de carburant ! »

Ensuite, le pâturage lutte contre les espèces végétales exotiques et invasives. Broutées, elles sont éliminées par les animaux, là où les machines favorisent leur développement par l’essaimage des graines.

Des partenariats gagnant-gagnant

Pour pratiquer l’éco-pâturage sur son réseau, APRR a développé des partenariats avec des éleveurs- producteurs locaux, qui profitent de la parcelle pour l’engraissage de leurs moutons ou de leurs chèvres. Cette pratique apporte en effet à certains éleveurs des espaces naturels supplémentaires pour leur bétail.

APRR fait également appel à des prestataires spécialisés qui réintroduisent des races anciennes et menacées.

« Ces espèces rustiques sont de très bonnes tondeuses et débroussailleuses tout en étant très résistantes aux maladies. »

Les clients surpris et contents

« Il est arrivé, surtout lors du lancement de l’opération, que des automobilistes alertent le PC sécurité pour les avertir que des moutons déambulaient aux abords de l’autoroute », s’amuse Camille Delorme. Lors des présentations de la démarche au public, notamment au moment des animations saisonnières sur les aires de service, les réactions sont très positives.

« Les gens se montrent très intéressés par les sujets environnementaux et, en particulier, par les actions engagées par APRR en faveur de la biodiversité. » À travers des expos photos et des reportages, les usagers prennent ainsi connaissance des d’opérations d’éco-pâturage autoroutières et de leur intérêt écologique.

APRR partenaire de l’appli Mon Berger Local

Éditée par Naturama, « Mon Berger Local » est une application et un site internet qui met en relation les propriétaires de terrains et les éleveurs ovins. Elle permet soit de proposer des espaces de pâturage, soit de faire une demande de pâture pour un troupeau. Partenaire de l’appli depuis son lancement fin 2020, APRR a déjà conclu un accord avec 5 éleveurs. Inscription et renseignements sur monbergerlocal.fr