Chaussée au bilan carbone neutre : une première sur l'autoroute

Travaux sur la chaussée de l'A40

© APRR\Erolf Productions

Deux kilomètres de l’A40 dans l’Ain ont récemment été rénovés à partir de résidus de bois. C’est la première fois que ce procédé innovant et écologique est mis en œuvre sur autoroute. Les explications d'Emmanuel Albisser.

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Vous ne remarquerez rien en passant sur l’autoroute A40, dans l’Ain, en direction de Genève, entre les km 191 et 189… Rien d’autre qu’une chaussée récemment rénovée, noire, lisse, classique... Pourtant - et c’est une première en France -, le bilan carbone de cette rénovation est « neutre ». Le nouvel enrobé n’a pas nécessité d’émission de CO2. Il utilise en effet un liant bio-sourcé, une colle d’origine végétale en lieu et place du traditionnel bitume issu de l’industrie pétrolière. Comme l'explique Julien Van Rompu, chef de projet chez Eiffage Route : « du fait de ses origines végétales à plus de 90 %, le liant biophalt® est créditeur de carbone. L’arbre pendant sa croissance a fixé du CO2. Donc on a un bilan carbone qui est négatif. Et si l’on compte toute l’installation industrielle pour fabriquer l’enrobé, les machines qui mettent en œuvre, le finisseur, les compacteurs qui, eux, vont consommer des ressources fossiles et donc émettre du CO2, l’utilisation du liant Biophalt® permet de compenser tout ça. Et donc si l’on fait le bilan global de l’opération, on arrive à 0 ! »

Une chaussée écologique, économique et en partie recyclée

Le projet Biophalt® vise à limiter l’impact environnemental : économie de pétrole donc avec ce liant issu de l’industrie papetière, économie d’énergie avec une température d’application d’environ 130° au lieu d’environ 160° d’ordinaire. Et économie de matières premières aussi puisque 40% des graviers utilisés sont recyclés, issus du rabotage d’une ancienne chaussée, ce qui est ingénieux à plus d’un titre puisque le procédé va réactiver le bitume qui se trouvait autour de ces cailloux. « On va avoir une affinité chimique entre le bitume qui est présent dans la matière recyclée et le liant biophalt®, ajoute Julien Van Rompu. Cela nous permet de remobiliser ce liant qui est vieilli qui a passé quelques années sur la route et de le réutiliser pour agglomérer les granulats dans notre nouvelle formule d’enrobé. »

La nouvelle chaussée Biophalt®, mise en œuvre pour la première fois sur autoroute, fait l’objet d’un protocole de suivi sur 5 ans pour s’assurer que ses caractéristiques évoluent de la même manière qu’une autoroute classique.