A la découverte des œuvres d’art près des autoroutes

Julien Lelièvre est graphiste et photographe. Il a recensé près de 70 œuvres d’art sur l’ensemble du réseau autoroutier français. Nous vous proposons de découvrir les plus emblématiques sur le groupe APRR en quelques étapes.

Pour commencer, allons sur l’A6, à la sortie de l’Ile-de-France. Sur cet axe Paris-Lyon, juste après la barrière de péage de Fleury-en-Bière, au km 50, se trouve une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Julien Lelièvre nous la décrit : « C’est une mosaïque d’Alain Girard, une sculpture en céramique en hauteur, d’après un tableau de Djoka Ivackovic. Ce dernier est un des fondateurs d’un mouvement de peinture qui s’appelle l’abstraction lyrique. C’est quelque chose qui se veut foncièrement abstrait. Ce n’est donc pas forcément facile à appréhender mais cela se veut assez dynamique.»

Pour se remettre de ces émotions esthétiques, un peu plus loin sur l’A6, direction Lyon, se trouve, au km 65, une œuvre plus figurative sur l’aire de repos de Villiers. Découverte avec Julien Lelièvre : « Vous pouvez voir un ensemble de sculptures de France et Hugues Siptrott, qui s’appelle Mignonne allons voir. Cette œuvre en bronze est un peu en contrebas de l’aire d’autoroute. Les sculptures sont disposées sur deux socles différents qui renvoient l’un à l’autre. Un chemin passe entre les deux. Vous pouvez déambuler et vous retrouvez au milieu de la scène de cette pièce de théâtre et prendre le temps de regarder les différents protagonistes... On peut se raconter toute une histoire avec cette sculpture… »

Nous poursuivons sur l’A6, toujours en direction de Lyon. Au km 322, une œuvre nous invite au recueillement sur l’aire de Curney, à la limite entre la Côte d’Or et la Saône-et-Loire. Julien Lelièvre nous en parle « Il y a une sculpture nommée Mémorial pour l’avenir de Françoise Jolivet. Elle fait référence à l’accident de car de 1982. C’est une série de sculptures angéliques, avec une dimension contemplative quand on est devant cette œuvre. Nous ne sommes pas du tout dans un pathos tragique qui pourrait être difficile à appréhender. On peut prendre le temps de déambuler dans cette œuvre qui est plus dans l’ordre de l’évocation que de la représentation absolue. ». L’accident évoqué s’est produit le 31 juillet 1982. Il a marqué à jamais les esprits. Deux autocars et deux voitures avaient pris feu, faisant 53 morts dont 46 enfants de 5 à 17 ans.

Prenons maintenant la direction du département du Rhône, à la jonction entre l’A6 et l’A46, où se trouve une sculpture majestueuse qui s’élève dans le ciel. Julien Lelièvre nous la dépeint : «C’est Le Signe infini, réalisé par Marta Pan. Ce qui est assez intéressant avec cette oeuvre c’est qu’en fonction du sens et de la bretelle que vous allez utiliser, vous verrez différents détails de cette sculpture, qui se veut une des plus monumentales sur autoroute en France. C’est aussi une des plus emblématiques de la série. »

Nous continuons en Rhône-Alpes, sur l’A40, en direction de Chamonix, avec une halte au km 162. Julien Lelièvre nous en dit plus : « C’est une sculpture d’Albert Féraud, Galaxie, sur l’aire de service de Bourg-Teyssonge. Nous sommes devant une sculpture en métal, nébuleuse tout en acier. Elle réfléchit bien la lumière, c’est intéressant de prendre le temps d’en faire le tour ».

Dans la famille des sculptures en métal de dimensions impressionnantes, se trouve sur l’A39, l’une des plus connues du genre. « C’est le Poulet de Bresse de Jean Brisé, sur l’aire du même nom, au km 115. Il n’est même pas nécessaire de s’arrêter pour voir cette œuvre. Elle est assez monumentale, un poulet gigantesque, en acier. » 

En continuant dans le gigantisme, rendez-vous à la sortie de Lyon, sur l’A42, pour une autre œuvre évoquée par Julien Lelièvre. « Au km 9, juste après le péage, il y a La Cascade de Beynost, de Pino Castagna, sur l’aire de repos de Montluel Beynost. C’est une énorme fontaine en béton et acier, noire, que vous ne pouvez pas rater. Elle fait l’allégorie d’une cascade ».

Plus au nord, sur l’A31, en Haute-Marne, une sculpture est bien visible, à 3 km de la jonction avec l’A5. « Dans le sens nord-sud, il y a Le Soleil de Langres, de Louis Leygue, qui est une sculpture en acier, qui représente un soleil. Dans les œuvres en acier de ce type, il y a un vrai contraste avec la nature. Elle est dans un endroit très dégagé, très vert. Et les reflets de la lumière du jour sur ce soleil, justement, sont assez beaux à voir si par chance vous avez une petite éclaircie à ce moment-là. »

La ballade de l’art autoroutier nous emmène maintenant sur l’autoroute A5 dans l’Yonne, km 85, en direction de Langres et Dijon. « Sur l’aire de Villeneuve l’Archevêque, vous avez une sculpture qui s’appelle La Création, de Salvatore Gallo. Elle est sur le rond-point, quand vous allez sortir de l’aire. On peut prendre le temps de la regarder, avec une évocation de la création de l’univers, de l’homme. Elle ressemble à un œuf, avec des corps humains qui en sortent, ou qui tout du moins qui le portent, le supportent, sont tout autour... On fait forcément le lien avec son titre, La Création.»

Enfin, nous faisons un dernier détour par l’A40, dans le département de l’Ain, en direction de Genève. « On peut s’arrêter au km 131, sur l’aire de service de Ceignes-Cerdon, pour y voir une sculpture de Gérard koch, intitulée La fugue du Bugey. C’est une œuvre qui mélange le verre et le bois et est assez monumentale. Ce qui est particulier, c’est que l’on ne peut pas s’en approcher à pied, donc on la verra forcément en voiture en quittant l’aire pour rejoindre l’autoroute. C’est un peu un signal de notre progression, du fait que l’on va arriver dans la montagne. Ce que l’on peut parfois observer, c’est le contraste de ces matériaux avec la neige. Si par chance il a neigé par ici, vous verrez que c’est assez saisissant.»

Julien Lelièvre a recensé et photographié ces œuvres et toutes les autres présentes sur le domaine autoroutier français. On les retrouve dans le livre « Art d’autoroute » aux éditions buildingbooks.   

Article édité par Olivier Noël.