Le vélo de retour en force dans les villes

Vélos en ville

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De plus en plus de Français se mettent au vélo depuis le début de la crise sanitaire, surtout dans les grandes villes, et cela n’est pas sans conséquence. C’est le thème de notre dossier de la semaine préparé par Antoine Aupart.

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Si l’utilisation du vélo augmente depuis plusieurs années maintenant, 2020 a été une année exceptionnelle. Par rapport à 2019, la pratique du vélo a augmenté de 27 % hors période de confinement. Un taux qui atteint même 31 % dans les milieux urbains. Et la pandémie que l’on connait actuellement n’y est pas pour rien. « Il y a eu une prise de conscience que la ville était envahie par la voiture et que ça avait des conséquences en termes de pollution et de bruit, affirme Catherine Pilon, secrétaire générale de l’association du Club des villes et territoires cyclables. Il y avait également la peur de contracter le virus. Les gens craignaient de prendre les transports en commun et de s’entasser. Le vélo est donc devenu une solution pour ne pas attraper le coronavirus. »

Les villes se sont adaptées

Passée sous pavillon vert lors des dernières élections métropolitaines de 2020, la métropole de Lyon va faire de la place pour les cyclistes dans les prochaines années. Depuis environ 15 ans, l’utilisation du vélo ne cesse d’augmenter dans le Grand Lyon, avec une progression de 10 à 15 % par an. Un taux qui a même atteint 30% entre septembre 2019 et le même mois de 2020. Face à ces changements, la métropole va s’adapter, l’objectif étant d’inciter les Lyonnais à mettre de côté leur voiture. « On veut doubler le nombre de kilomètres d’aménagements cyclables pour le passer de 1.000 à 2.000 km sur l'ensemble de notre territoire, explique Fabien Bagnon vice-président de la métropole de Lyon en charge de la voirie et des mobilités actives. On veut également construire un réseau express vélo (REV) de 250 km. Ce seront des axes larges, confortables, sûrs et séparés du trafic, qui vont permettre de se déplacer sur tout le territoire du Grand Lyon, à l’image du réseau de transport en commun de la région lyonnaise. » Le REV sera composé de pistes bidirectionnelles de 4 m de large idéalement. Des aménagements qui vont forcément empiéter sur des espaces actuellement réservés aux voitures. « La voiture prend au moins les deux tiers de la place sur la voirie, poursuit Fabien Bagnon. Il s’agit qu’elle en cède un peu. »

Les conséquences pour les cyclistes du quotidien

Des changements nécessaires, puisque certaines pistes cyclables commencent à saturer. C’est ce qu’a pu constater Frédérique Bienvenüe. Elle est coprésidente de La Ville à Vélo, une association de cyclistes du Grand Lyon, et utilise son vélo tous les jours, pour la quasi-totalité de ses trajets : « C’est vrai que certains aménagements pêchent un peu par manque de largeur, ce qui peut créer, par endroits, des ralentissements. » Mais d’une manière générale, Frédérique Bienvenüe voit plus de points positifs que de points négatifs face à l’augmentation du nombre de vélos : « Les automobilistes font désormais plus attention. Les études qui ont été faites montrent que la moitié des nouveaux cyclistes vient des voitures. Il y en a donc moins sur les routes. »

De nouveaux services apparaissent

Autres conséquences de l’augmentation de l’utilisation du vélo : de nouveaux services apparaissent et de nouvelles entreprises se créent. Exemple avec Azfalte, née en 2020 et basée à Lille ainsi qu’en région parisienne. Cette startup propose des vélos de fonction. Explications avec Jean-François Dhinaux, fondateur et dirigeant d’Azfalte : « A l’image des voitures de fonction, ce sont des vélos d’entreprise pour les collaborateurs. » Bien souvent à assistance électrique, les vélos d’Azfalte sont loués aux entreprises pour qu’elles les mettent à dispositions de leurs collaborateurs, qui peuvent choisir leur outil en fonction de leurs attentes et de leurs besoins. « La clé pour que le vélo entre dans le quotidien des gens, c’est le choix du vélo, assure Jean-François Dhinaux. Nous travaillons avec chaque collaborateur pour faire un diagnostic et lui en proposer trois, pour qu’il puisse ensuite en choisir un. »

Plus de vélos sur les routes, c’est aussi davantage de besoins de réparation et de maintenance. Cyclofix, créée en 2015 à Paris, permet aux propriétaires de bicyclettes de faire réparer leur engin à l’adresse de leur choix dans 14 agglomérations françaises, dont Paris, Lyon et Strasbourg, grâce à des rendez-vous rapides.