Réchauffement climatique et conséquences sur l'entretien hivernal des autoroutes

viabilite hivernale

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Notre planète se réchauffe et les répercussions ne se ressentent pas que dans les stations de ski. Sur les routes et autoroutes aussi, l’évolution du climat change la donne et conduit les gestionnaires de réseaux à s’adapter à de nouvelles contraintes.

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N’en déplaise aux climato-sceptiques, il suffit de regarder la courbe des relevés météo effectués depuis un siècle pour constater une hausse quasi continue de la température terrestre. Hausse qui devrait même s’accélérer au cours des prochaines décennies.
Le réchauffement du climat aboutit forcément à une raréfaction de la neige en hiver, y compris dans les Alpes où l’on constate aussi une baisse de la fréquence des chutes de neige, explique Christophe Oudot, prévisionniste à Météo France :   

« Avec le réchauffement climatique, on a des hivers de plus en plus doux ces dernières années. On l’a vu notamment avec l’hiver 2019-2020 qui a été parmi les hivers les plus doux de ces trois dernières décennies. Ce qu’on constate également, c’est que nous avons des épisodes moins fréquents mais plus intenses, avec des conséquences plus fortes sur les usagers. Il faut toutefois voir que la tendance d’hivers de plus en plus doux reste une moyenne. Cela n’exclut pas un hiver très froid qui peut survenir l’année prochaine, dans trois ans, ou lors d’une année sur deux pendant une courte période. Ça reste une moyenne mais, bien sûr, il y a toujours, dans cette moyenne, des variations possibles d’un extrême à l’autre ».

Des hivers de plus en plus doux, c’est aussi la constatation faite par Jean-Charles Thomas, le directeur des autoroutes AREA :

« On le constate sur deux chiffres factuels : nous faisons moins d’opérations de déneigement qu’auparavant, on peut en faire quasiment un tiers de moins que sur la moyenne des hivers de ces dix dernières années, et nous consommons moins de sel. Ce sont deux indicateurs qui montrent que les hivers sont plus doux qu’auparavant… Il y a cependant toujours des variations d’un hiver à l’autre. La particularité de la consommation de sel pour un réseau routier, c’est qu’elle peut varier de 1 à 10, ce qui est très difficile à prévoir. Mais, globalement, si on prend la moyenne de ces dix dernières années, on est vraiment sur une tendance à la baisse. Donc on sale moins souvent car il fait moins souvent des températures négatives ».

Une situation qui amène la société d’autoroute à travailler en amont sur des situations potentiellement difficiles :

« Nous pouvons très bien avoir une baisse du nombre d’évènements, mais en même temps des évènements plus compliqués, plus violents, plus soudains, et c’est ce qu’on essaye de travailler avec nos équipes » ajoute Jean-Charles Thomas. « Et, afin de maintenir des agents moins souvent confrontés à des situations de crises hivernales, des formations ou des entraînements sont mis en place. Des exercices possibles même en l’absence de neige », précise le directeur du réseau AREA : « Nous pouvons mettre nos agents en situations réelles avec des poids lourds, dans des chemins de terre. On peut travailler le mode 4x4, le maniement d’une saleuse, d’une lame… tout cela nous le faisons régulièrement, même sans neige ».   

Et même si les épisodes neigeux sont moins fréquents qu’auparavant, ils ne sont pas à négliger. En novembre 2019, le premier et quasiment le seul coup de semonce de l’hiver avait occasionné une fermeture de l’A48 durant toute une nuit. La faute à une neige très lourde et collante tombée en grande quantité en seulement quelques heures.


Franck Pélissier