Un moteur qui ne rejette que de l'eau

Christophe Pichon devant un moteur à hydrogène

Le dossier d'Autoroute INFO était consacré cette semaine à un nouveau type de moteur, actuellement à l'étude dans les locaux de l'IFP Energies Nouvelles, au sud de Lyon : le moteur thermique à hydrogène. Alors que l'on n'utilisait essentiellement ce gaz sans carbone que dans les piles à combustible pour voitures électriques, les chercheurs envisagent d'injecter directement l'hydrogène dans un moteur (presque) classique. Emmanuel Albisser s'est intéressé à cette technologie étonnante. Son dossier est à écouter ci-dessous.

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Vous avez déjà très certainement entendu dire que l’hydrogène (H2) serait la solution de long terme pour les transports au-delà même des véhicules électriques. Le gouvernement a lancé l’an dernier un grand plan de 7 milliards d’euros en faveur de la filière hydrogène. Le but est de décarboner les transports et de ne plus émettre de CO2, de gaz à effet de serre, pour se déplacer.

Mais jusque-là, on évoquait surtout l’hydrogène pour générer de l’électricité dans une voiture électrique. On parle alors de pile à combustible. Les chercheurs de l’IFP Energie Nouvelle étudient la possibilité de brûler directement l’hydrogène dans un moteur traditionnel légèrement adapté. "Ça se présente exactement comme un moteur essence conventionnel, explique Christophe Pichon, chef du département Synthèse technologie Moteurs, c'est juste le système d'injection et quelques réglages qui vont être très différents pour pouvoir permettre de faire tourner ce moteur avec de l'hydrogène pur".

Lors de la combustion de l'hydrogène dans l'oxygène de l'air, on produit ultra majoritairement de l'eau.

"Il y a aujourd’hui une vraie volonté de faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans le domaine du transport. C’est pour ça que l’hydrogène représente un potentiel extrêmement intéressant. 
Avec l’utilisation de l’hydrogène, on diminue totalement les émissions de CO2 et on élimine aussi très largement les émissions de polluants parce que lors de la combustion de l’hydrogène dans l’oxygène de l’air, on produit ultra majoritairement de l’eau
".

La grande similarité entre nos moteurs actuels et ce moteur à hydrogène pourrait permettre un déploiement relativement rapide. Toutefois, certains ajustements seront inévitables.

L'hydrogène est un gaz et même comprimé à 700 bars, il en faut environ 7 litres pour remplacer 1 litre d'essence.

Par ailleurs, H2 étant une molécule très fine, elle arrive à s'infiltrer dans les métaux et occasionne une usure prématurée du moteur, mais des alliages adaptés sont à l'étude. 

Enfin l'hydrogène ne sera, de toutes manières, une solution d’avenir qu’à condition qu'il soit produit de matière vertueuse. Aujourd'hui, 95% de l'hydrogène est fabriqué à partir d'hydrocarbures.