VIDEO - Somnolence au volant : des tests et des solutions pour y remédier
22 mars 2021
APRR
L’hypovigilance au volant est la cause principale d’accidents mortels sur l’autoroute. Les sources de cette somnolence sont multiples, parfois médicales. Des tests existent, pour la déceler. Emilien Faivre a enquêté.
Il est 11h au centre d’exploration du sommeil du Centre Hospitalier de la Chartreuse à Dijon. Philippe Bornier, ancien chauffeur routier désormais opérateur de pelleteuse, s’installe dans le lit. Aujourd’hui il passe un TME, un test de maintien de l’éveil. C’est la médecine du travail qui l’envoie. La cause ? Des micro-sommeils dont il est victime. Philippe est bardé d’électrodes sur le crâne, maintenus par du plâtre et reliés à un boitier qu’il porte sur le torse. La suite du test, c’est Tristan Jacquel-Blanc, infirmer au centre, qui nous l’explique : « On reprend une tâche monotone, qui dure 40 minutes où les gens sont installés assis les jambes allongées, et le but du test, c’est qu’ils ne s’endorment pas. » Et pour vérifier que Philippe Bornier ne s’endort pas, les infirmiers ont plusieurs outils à leur disposition. Des outils que nous présente Tristan Jacquel-Blanc : « Nous, on a été formés pour la lecture de l’EEG, l’électroencéphalogramme : on sait que la personne s’endort du moment où on voit son tracé de veille se ralentir. En même temps, on a l’appui de la vidéo où on voit les yeux s’abaisser. On voit alors que la personne est en train de lutter. Et on a toujours la corrélation entre l’EEG et la vidéo. Là justement, il est en train sûrement de s’endormir. » L’examen est lancé depuis 24 minutes seulement, loin des 40 espérées... Le même test est mené plusieurs fois dans la journée, à 9h, 11h, 13h et 15h. Le plus compliqué, de l’avis de Tristant Jacquel-Blanc : « celui de 13h, où la digestion vient s’ajouter à la fatigue et la rigueur du test. »
Un test pour des publics et des postes particuliers
Comme Philippe Bornier, beaucoup de personnes sont envoyées pour passer ce test de maintien de l’éveil. Parfois par leurs médecins traitants, bien souvent par la médecine du travail. Tristant Jacquel-Blanc nous le confie : « Les principaux publics sont les chauffeurs routiers ou les postes à responsabilités dans la sécurité. » On y trouve beaucoup d’agents de la SNCF. Pas étonnant quand on sait que ces personnes sont amenées à travailler de nuit, dans des postes à responsabilité, avec des tâches répétitives ou monotones. Notez que ces critères correspondent également à la conduite sur autoroute. Et cela peut avoir des conséquences néfastes. Un chiffre pour le confirmer : sur autoroute, la somnolence au volant est impliquée dans 23% des accidents mortels. Les chauffeurs routiers, mais aussi les commerciaux, amenés à faire beaucoup de kilomètres, sont donc concernés.
Autoroute INFO
Somnolence au volant : des causes médicales ?
Les tests de maintien de l’éveil sont très utiles pour faire un constat de la situation de la personne. Mais le plus important reste la consultation qui les accompagne. Le docteur Clément Guillet, médecin à l’unité d’exploration du sommeil du Centre Hospitalier de la Chartreuse à Dijon, nous le confirme : « Les problématiques de somnolence au volant sont des problématiques très courantes, et souvent c’est pour ça que les patients viennent nous consulter : parce qu’ils ont eux-mêmes perçu qu’ils étaient somnolents au volant. Souvent ça peut être lié à des affections médicales. C’est donc important de parler à son médecin dès qu’on a des questionnements ou de l’appréhension par rapport à la somnolence au volant. » Rien de figé donc. Et pour vous aider, le docteur Clément Guillet nous donne les bonnes questions à se poser : « Est-ce que je n’ai pas une apnée du sommeil ? Du coup, voir avec son médecin traitant et envisager même de faire un test. Est-ce que je dors suffisamment, est-ce que mes horaires sont réguliers ? Est-ce que je prends de l’alcool ou est-ce que je prends des drogues qui vont altérer ma vigilance, ou des médicaments ? Se questionner sur pourquoi on a une somnolence. Et puis après, s’il n’y a rien d’autres que le fait que je suis somnolent au volant parce que c’est difficile pour moi de tenir, il faut être capable de s’arrêter toutes les 2 heures. Des choses toutes simples. »
Face à la somnolence au volant, quand ça devient trop accablant, le plus simple c’est donc d’en parler à son médecin.
Des pauses régulières sont nécessaires sur autoroute. De nombreuses aires de service et de repos sont ainsi disponibles sur votre parcours.