Apollo 13 : catastrophe dans l'espace

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Retrouvez notre série consacrée aux expéditions extraordinaires. Antoine Aupart nous raconte l'histoire de la mission Apollo 13. Un récit mis en ondes par Anaël Ferrand. 

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Un vol qui tourne rapidement à la catastrophe

Moins d’un an après la mission Apollo 11, qui a permis à Neil Armstrong de devenir le premier homme à marcher sur la Lune, trois astronautes s’apprêtent, le 11 avril 1970, à s’envoler pour la Lune. Ils embarquent en Floride, à bord d’une fusée Saturne 5. L’équipage est composé de Jim Lovell, le commandant, de Jack Swigert, le pilote du module de commande et de Fred Haise, le pilote du module lunaire. Ils décollent à 12h13, heure de Floride et à 13h13, heure de Houston. Plus tard, l’équipage s’arrime au LEM, le véhicule lunaire qui sert à faire atterrir deux des trois astronautes sur la Lune. Ce sont, en effet, Lovell et Haise, qui doivent poser le pied sur le satellite.

Après environ 56 heures de vol, les opérateurs aux sols, basés à Houston, demandent aux astronautes de procéder à une opération de routine : le brassage des réservoirs du module de service, qui fournissent l’air respirable et alimentent les piles à combustibles produisant l’électricité et l’eau. Soudain, alors que le vaisseau se trouve à plus de 300.000 km de la Terre, de violentes vibrations se font sentir. Plusieurs alarmes se déclenchent et la tension électrique baisse. L’équipage commence alors à s’inquiéter et prévient Houston qu’ils ont eu un problème.

OK, Houston, nous avons eu un problème

Une mission lunaire qui se transforme en mission sauvetage

L’un des deux réservoirs d’oxygène a explosé ! Il n’est désormais plus question de se poser sur la Lune, d’autant que le niveau d’oxygène du dernier réservoir descend très rapidement. Les trois astronautes se réfugient alors dans le LEM. Mais ses réserves d’oxygène et d’eau permettent de tenir 48 heures quand deux personnes s’y trouvent. On estime qu’il faudra une centaine d’heures pour rentrer sur Terre.

A Houston, on résout les problèmes les uns après les autres. Il faut d’abord faire rentrer le vaisseau le plus rapidement possible, sans consommer trop de carburant. Les astronautes se serviront de l’attraction de la Lune pour faire demi-tour, direction la Terre. Cela nécessitera d’effectuer des manœuvres extrêmement précises. Une toute petite erreur de puissance des moteurs ou un mauvais timing, et les astronautes rateraient leur cible.

Lovell corrige dans un premier temps la trajectoire de son vaisseau à l’aide du LEM, pour se mettre en orbite autour du satellite. Une fois au niveau de la face cachée de la Lune, le commandant actionne à nouveau les moteurs du module lunaire pour repartir en direction du Pacifique.

Une multitude de problèmes à régler

La trajectoire corrigée, les opérateurs au sol doivent à présent régler les autres problèmes, à commencer par l’oxygène qui va manquer si rien n’est fait. Il est demandé aux astronautes de concevoir un système en récupérant les filtres du module de commande pour les mettre dans le LEM. Problème : les deux modules n’ont pas été construit par le même fabriquant ! Les filtres ne sont pas compatibles. En clair, il faut faire rentrer un carré dans un rond. C’est à Houston que le système est imaginé, à partir des éléments dont disposent les astronautes dans leur vaisseau, qui vont alors reproduire ce qui a été imaginé au sol. Pour résoudre le problème de la tension électrique trop faible, l’équipage éteint tous les systèmes non indispensables. La température du LEM descend alors à 6 °C.

Tout semble donc réglé, mais en approchant de la Terre, de nouveaux calculs sont effectués. Le vaisseau a légèrement dévié de sa trajectoire. Lovell remet en route les moteurs et la corrige. Le 15 avril, une nouvelle explosion se produit. Elle ne provoque pas de gros dégâts mais nécessite une nouvelle correction de la trajectoire. Précisons que pour rentrer dans l’atmosphère, il faut respecter un angle très précis. Une toute petite erreur et la capsule rebondira ou se désintégrera. Et avec un vaisseau endommagé, autant dire que ces corrections de trajectoire sont des opérations extrêmement délicates. Mais Lovell, qui est formé à manier le LEM lorsque celui-ci est désolidarisé du module de commande, ce qui n’est pas du tout le cas ici, s’en sort parfaitement.

Un retour sur Terre sous tension

Plus le vaisseau approche de la Terre, plus la pression monte. Après une nouvelle explosion et une autre correction de trajectoire, les trois astronautes s’apprêtent à rentrer dans l’atmosphère. L’angle est bon, mais le bouclier thermique qui protège la capsule lorsque celle-ci prend feu en pénétrant dans l’atmosphère est-il toujours intact ? Les parachutes qui doivent réduire la vitesse du module vont-ils se déployer avant l’amerrissage ? Il n’y a aucun moyen de le savoir.

Après avoir regagné le module de commande, largué le module de service et le LEM, Lovell, Haise et Swigert rentrent dans l’atmosphère.

A cause des interférences, le contact radio avec Houston est perdu. Le silence dure habituellement 4 minutes. 240 secondes passent… Mais rien… C’est finalement au bout de 5 minutes et 27 secondes de silence que le blackout prend fin. Les astronautes ont amerri dans le Pacifique Sud et sont récupérés sains et saufs.

Equipage Apollo 13

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Fred Haise, Jim Lovell et Jack Swigert (de g. à d.), aux côtés de Richard Nixon, président des Etats-Unis de l'époque.