L'expédition Lapérouse, une aventure extraordinaire autour du monde

Boussole

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Dans notre série consacrée aux expéditions extraordinaires, Antoine Aupart nous raconte l'histoire de l'expédition Lapérouse. Un récit inspiré du livre "L'expédition Lapérouse, une aventure humaine et scientifique autour du monde" de Bernard Jimenez, paru en 2019 aux éditions Glénat, et mis en ondes par Stéphane Schmidt.

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Nous allons nous intéresser aujourd’hui à l’une des plus grandes expéditions maritimes de tous les temps.

A la fin du 18e siècle, Louis XVI, grand admirateur du navigateur britannique James Cook, souhaite concurrencer la suprématie anglaise sur les mers. Il veut ouvrir de nouvelles routes commerciales, cartographier certaines côtes du Pacifique mais surtout, mettre en place une expédition qui permettra de mieux connaître le monde.

C’est Jean-François de Galaup de Lapérouse, un brillant navigateur, qui est chargé de mener cette expédition qui part de Brest le 1er août 1785. L’expédition est composée de deux frégates : l’Astrolabe et la Boussole, des anciens navires marchands de 45 m de long. Plus de 200 hommes embarquent à bord de ces deux navires. Parmi eux, on retrouve des scientifiques : des médecins, des ingénieurs, des botanistes, ainsi que des dessinateurs, le but étant de ramener le plus d’informations possible sur les zones explorées et les habitants qui les peuplent. L’expédition doit parcourir 150.000 km pendant quatre ans.

A leur arrivée à Concepción, au Chili, les marins n'en croient pas leurs yeux. La ville cartographiée en 1712, a disparu !

Après des escales sur les îles de Funchal, de Tenerife puis sur celle de Sainte-Catherine, au large du Brésil, Lapérouse passe le Cap Horn, la partie la plus au sud du Chili, sans difficulté. Mais les stocks de nourriture diminuent. L’expédition prend donc la direction de la ville chilienne de Concepción. Mais à leur arrivée en février 1786, les marins n’en croient pas leurs yeux. La ville cartographiée en 1712 a disparu ! Elle a en fait été détruite par un tremblement de terre 35 ans plus tôt et reconstruite à une dizaine de kilomètres à l’intérieur des terres. L’escale est heureuse et permet aux frégates de refaire le plein de nourriture.

Direction à présent les côtes nord-ouest du continent américain. C’est l’un des principaux objectifs de l’expédition : compléter les relevés faits de ces côtes par James Cook quelques années plus tôt et qui sont imparfaits. Après des escales sur l’île de Pâques et dans les îles Hawaï, les frégates mouillent, le 3 juillet 1786, dans la baie de Lituya en Alaska. Le 13 juillet, Lapérouse emmène trois canots faire des levés hydrographiques de la baie. Emportée par les courants, l’une des embarcations chavire au milieu des rochers. Voulant porter secours au premier canot, un second bateau chavire. En moins de quinze minutes, six officiers et quinze hommes d’équipage périssent et Lapérouse renonce à reconnaître en détail la côte américaine.

Le 9 avril 1787, Lapérouse franchit un détroit qui porte encore aujourd'hui son nom.

Après un passage par le port californien de Monterey, l’expédition part pour une longue traversée du Pacifique d’est en ouest qui dure plus de trois mois. Le 3 janvier 1787, les deux bateaux se stoppent à Macao, sur la côte sud de la Chine. Les marins sont fatigués mais la plupart sont en bonne santé, ce qui est déjà une performance, le spectre du scorbut, la peste des mers, planant au-dessus de la plupart des navigateurs de l’époque. En revanche, l’Astrolabe et la Boussole ont besoin de quelques réparations. Direction pour cela Manille où l’expédition y restera quarante-et-un jours. Le moral des hommes, partis de Brest il y a près de deux ans commence à baisser et l’absence de nouvelles de leurs proches se fait sentir.

Le 9 avril, Lapérouse met le cap sur la Manche de Tartarie, entre l’île russe de Sakhaline et le reste du continent asiatique, l’un des autres grands objectifs de ce voyage. Lapérouse est ainsi le premier à franchir un détroit qui porte encore aujourd’hui son nom et qui sépare l’île de Sakhaline de l’île japonaise d’Hokkaïdo.

On retrouve nos explorateurs en décembre 1787. Ils font escale dans les îles Samoa dans lesquelles Lapérouse ne souhaite pas s’attarder. Néanmoins, le second de l’expédition, Paul Fleuriot de Langle insiste pour faire le plein d’eau avant de repartir. Une petite expédition composée de 61 personnes prend alors la direction d’une des îles. Mais, piégés par la marée basse, ils se font attaquer par les autochtones. Langle, ainsi qu'onze autres membres de l’expédition perdent la vie au cours de cette attaque.

Après Botany Bay, plus aucune nouvelle ne sera donnée par l'expédition qui disparaît.

Au début de l’année 1788, Lapérouse arrive en Nouvelle-Hollande, l’actuelle Australie, et plus précisément à Botany Bay, au sud de Sydney. L’escale permet de réparer les bateaux avant de repartir, le 10 mars, en direction de la Nouvelle-Calédonie. Mais après Botany Bay, plus aucune nouvelle ne sera donnée par l'expédition qui disparaît. Une disparition qui restera un grand mystère pendant longtemps.

On sait aujourd’hui que, pendant une nuit de mai ou de juin 1788, les deux frégates font naufrage au large de Vanikoro, appartenant aux îles Salomon, dans la mer de Corail. Après trois ans de voyage, pris dans une tempête, les navires ne peuvent éviter les récifs. Une centaine d’hommes aurait survécu, établissant un camp sur une plage non loin du lieu du naufrage. Mais que sont-ils devenus ? Ont-ils survécu au climat et au manque de nourriture ? Ont-ils réussi à partir grâce à une petite embarcation qui aurait été construite sur place ? Le mystère reste entier.