Charles Lindbergh : le fou volant
19 juillet 2022
![Charles Lindbergh](/sites/default/files/styles/banner_image/public/2021-10/Charles%20Lindbergh.jpeg?itok=JhcNiKiB)
© Mary Evans Picture Library 2017
Notre série consacrée aux expéditions extraordinaires s'intéresse aujourd'hui au tout premier vol entre New-York et Paris et au pilote à l'origine de cet exploit : Charles Lindbergh.
Objectif : New-York - Paris par les airs
Dans les années 1920, l’aviation n’en est qu’à ses débuts. Pourtant, c’est à l'aube des années folles que l’on commence à rêver de traverser en une seule fois et dans les airs l’Atlantique. Pour effectuer un vol entre New-York et Paris, il faut plusieurs tonnes de carburant, ce qui pose problème car, même si on fait voler des avions depuis une vingtaine d’années, on ne sait pas transporter des charges trop lourdes.
Le premier à tenter sa chance est René Fonck, un pilote français. En septembre 1926, il tente, en compagnie de son équipage, de faire décoller de New-York un trimoteur contenant 9.000 litres d’essence. L’appareil s’écrase et s’embrase au décollage. Fonck et son copilote s’en sortent miraculeusement. Quant à l’opérateur radio et au mécanicien, ils sont retrouvés carbonisés.
La traversée de l’Atlantique est dans la tête de nombreux pilotes. En 1927, un certain Charles Lindbergh, un Américain, parvient à réunir les 15.000 dollars qui lui permettent de tenter sa chance. Ce sont les banquiers de la ville de Saint-Louis qui ont avancé l’argent. Ils s’offrent ainsi une bonne publicité pour leur ville, puisque l’avion de Lindbergh sera baptisé Spirit of St. Louis (Esprit de Saint-Louis). L’appareil de 8 mètres de long et de 14 mètres d’envergure est conçu en deux mois. Il est fait d’acier, de bois et de toile, et pèse deux tonnes, autrement dit, pas grand-chose. Quand John van der Linde – le chef des mécaniciens qui ont conçu l’avion – présente l’appareil à Lindbergh, le pilote découvre un tableau de bord rudimentaire. Et pourtant, il dit : « Il y a trop d’instruments. Enlevez-en, ça fera du poids en moins ! Enlevez aussi la jauge d’essence, ça ne sert jamais ! Je préfère regarder ma montre et calculer moi-même combien il me reste d’essence. » Lindbergh insiste aussi pour que son siège en osier soit le plus inconfortable possible, pour éviter qu’il ne s’endorme.
![Charles Lindbergh](/sites/default/files/styles/content_image/public/2021-10/Charles_Lindbergh%2C_wearing_helmet_with_goggles_up.jpg?itok=d2aO4sWf)
Charles Lindbergh
La traversée
Quand l’avion arrive à New-York le 12 mai 1927, plusieurs pilotes préparent aussi la traversée jusqu’à Paris. Il faut dire qu’un prix de 25.000 dollars est en jeu. Le 20 mai, Lindbergh fait remplir les réservoirs de son appareil : 2,5 tonnes d’essence, plus que le poids de l’avion. C’est pour cela qu’il tentera sa chance seul à bord, sans parachute, avec simplement quelques sandwiches et un peu d’eau.
Ce jour-là, la météo n’est pas très bonne. Lindbergh part quand même à 7 h 54. L’échec du Français Fonck est dans toutes les têtes. Va-t-il réussir à décoller ? La réponse est oui. Au départ, tout se passe bien. Le petit avion longe les côtes nord-américaines avant de se retrouver au-dessus de l’océan. Quelques heures plus tard, Lindbergh atteint le point de non-retour : soit il continue sans possibilité de revenir, soit il fait demi-tour. L’américain décide d’aller jusqu’au bout.
Juste après avoir dépassé ce point, le pilote tombe dans une tempête de pluie et de neige. L’avion tient bon et passe à travers. Mais après la météo difficile, c’est le manque de sommeil qui se fait sentir. Au bout de 20 heures de vol, Lindbergh n’en peut plus. Il tient bon, mais un affreux doute s’empare de son esprit. Est-ce que son compas fonctionne bien ? Est-ce qu’il tient le bon cap ?
Le temps passe et la fatigue se fait de plus en plus sentir. Lindbergh s’endort. L’appareil pique du nez et se dirige tout droit vers l’océan. Il est à 1 m 50 des vagues quand il se ressaisit et tire sur le manche. L’avion se redresse et continue son chemin. Il atteint les côtes irlandaises après 30 heures de vol.
Du côté de la France, les nouvelle se répandent. Le 21 mai 1927, des milliers de personnes se pressent au Bourget pour assister à l’atterrissage du Spirit of St. Louis. Les heures défilent, mais rien ne se passe. La foule s’impatiente et se pose des questions quand soudain, à 22 h 20, l’appareil apparait et se pose, accueilli par une foule en délire. Après 33 h 30 de vol, Lindbergh est accueilli en héros.
Récit : Antoine Aupart / Réalisation : Stéphane Schmidt