Steven Callahan : 76 jours à la dérive
24 septembre 2021
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Retrouvez notre série consacrée aux expéditions extraordinaires avec, aujourd'hui, l'histoire d'un américain perdu au milieu de l'Atlantique pendant plus de deux mois. Une histoire à écouter ci-dessous.
Le naufrage
À la fin de l’année 1981, Steven Callahan, un américain de 29 ans, décide d’entreprendre un long voyage à bord de son voilier. Il traverse l’Atlantique et se trouve, en janvier 1982, dans les îles Canaries. De là, il repart en direction des Antilles, pour une traversée d’environ 5.000 km, qui doit durer un mois maximum.
Les sept premiers jours se passent parfaitement. Mais après la première semaine, la météo se dégrade. Les vents gagnent en intensité et les vagues sont de plus en plus hautes. Pas de quoi inquiéter Steve, qui en a vu d’autres. La nuit vient et le navigateur va se coucher. Les conditions météo sont toujours aussi mauvaises. Les vagues se fracassent contre la coque de son bateau. Après être parvenu à trouver le sommeil, Steve est réveillé en sursaut par un énorme bruit. Sans comprendre ce qu’il vient de se passer, il s’aperçoit que l’eau monte à l’intérieur de son embarcation à vitesse grand V. Il faut désormais faire vite et abandonner le navire qui est en train de sombrer. Callahan met à l’eau son canot de sauvetage gonflable et s’y réfugie. Mais avant de couper la corde qui relie la petite embarcation à son bateau, l’aventurier plonge, direction le voilier en détresse pour aller récupérer un sac de survie, dont il aura grandement besoin par la suite.
Après avoir regagné le canot, Steve assiste, impuissant, au naufrage de son bateau. Le voilà, en pleine nuit et au cœur d’une tempête, seul, à la dérive, en plein milieu de l’Atlantique.
La survie
Le lendemain, la tempête laisse place au beau temps, mais l’Américain n’a aucun moyen de communication et il sait que personne ne viendra le chercher : il a prévenu ses proches qu’il ne donnerait pas de nouvelle pendant toute la durée de sa traversée. Après quelques calculs, il estime que les courants le porteront sur une route maritime, plus fréquentée que l’endroit dans lequel il se trouve. Il pense qu’il lui faudra deux semaines pour atteindre cette route. Mais il prend tout de suite conscience qu’il n’aura pas assez d’eau potable. Grâce à son sac de survie, il a tout juste de quoi tenir huit jours. Heureusement, il possède trois dispositifs qui lui permettent de transformer, grâce à l’action du soleil, l’eau de la mer en une eau potable. Encore faut-il savoir comment ça fonctionne ! Pendant plusieurs jours, Steve s’acharne mais ne parvient pas à obtenir une seule goutte d’eau douce. Ce n’est qu’au septième jour de dérive, qu’il décide de sacrifier l’un de ses distillateurs en le découpant, pour en comprendre le fonctionnement. Une stratégie qui paie, puisqu’il parvient, ensuite, à faire marcher ces appareils et à récupérer quelques gouttes d’eau potable.
Au 14e jour, Callahan parvient à pêcher, grâce à un harpon récupéré sur son voilier avant le naufrage. Avec de l’eau et de la nourriture, le navigateur reprend espoir. Mais une nuit, son canot est violemment percuté. Un requin est en train de s’attaquer à la petite embarcation gonflable ! Steve s’empare de son harpon, assène quelques coups à l’animal, qui s’enfuit.
Le faux espoir avant le désespoir
Comme prévu, après deux semaines de dérive, l’Américain atteint la route maritime, qui est moins empruntée qu’il ne l’avait espéré. Malgré tout, il aperçoit, une nuit, un cargo à l’horizon. Il allume un fumigène qu’il agite dans tous les sens. Le bateau se dirige vers lui. Steve est euphorique ! Il va enfin être secouru ! Mais le navire passe devant le canot de sauvetage sans s’arrêter. Il ne l’a pas vu. Le naufragé comprend alors que son salut ne viendra pas de cette route maritime.
Un mois après le début de ses malheurs, le navigateur a dérivé sur plus de 1.000 km et les Antilles sont encore à plus de 1.600 km.
Les jours passent, et il atteint finalement les eaux tropicales où il fait chaud. Trop chaud. Ses deux distillateurs encore utilisables ne lui fournissent plus assez d’eau douce et la nourriture commence à manquer également. Au 43e jour de dérive, il harponne un poisson. Ce-dernier se débat, casse l’extrémité de l’arme, et perce les flotteurs inférieurs du canot de sauvetage qui se dégonfle, et qui est maintenant très instable. Steve ne peut plus ni pêcher, ni recueillir d’eau, et sa progression est désormais beaucoup plus lente.
Les jours suivants, le naufragé se dépasse et puise dans le peu de forces qu’il lui reste pour maintenir son radeau gonflé. En vain. Sans nourriture, avec très peu d’eau et une embarcation dégonflée, Steve perd espoir et se laisse dépérir.
À bout de forces
Mais dans un dernier effort, Callahan tente de maintenir la rustine qui ne tenait pas jusque-là, grâce à une fourchette. Et ça marche ! Il parvient à regonfler les flotteurs inférieurs. Un répit de courte durée, puisque 66 jours après le début de la dérive, les distillateurs rendent l’âme. Steve ne peut désormais plus transformer l’eau de mer en eau douce. Il ne lui reste plus que trois petites canettes pour survivre. Alors qu’il ne voit aucune terre à l’horizon, il se dit qu’il a peut-être trop dérivé et que les courants sont en train de le ramener en plein milieu de l’océan. Sans eau et sans nourriture, il lui serait impossible de survivre à un nouveau long voyage.
Mais alors qu’il sent sa fin proche, et qu’il dérive depuis maintenant 76 jours, l’Américain aperçoit une île. Puis, peu après, un bateau de pêcheurs le récupère. C’est la fin de son calvaire. Il vient d’atteindre Marie-Galante, qui dépend de la Guadeloupe, à seulement une centaine de kilomètres de son objectif initial : l’île d’Antigua.
Récit : Antoine Aupart / Réalisation : Anaël Ferrand
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