A Guédelon, ils bâtissent un château fort

C'est une aventure unique puisqu'il s'agit de construire, de nos jours, un château fort selon les techniques et avec les moyens utilisés au Moyen Âge. A l'origine de ce projet, la découverte d'un "château englouti". Sous celui en briques rouges du XVIIe siècle de Saint-Fargeau, existe un château médiéval du XIIIe siècle. "L'idée première, après cette découverte archéologique, a été de reconstruire ce château médiéval", explique Florian Renucci, maître d'œuvre à Guédelon. Le projet a germé et les travaux ont démarré en 1997, précisément sur la commune de Treigny, au cœur de la région naturelle de la Puisaye.

Dans un souci de cohérence, l'ensemble du projet a été élaboré autour d'un scénario. "Pour construire, nous avons besoin de trois vraisemblances", rappelle Florian Renucci. "D'abord, il nous faut une époque [autour de 1230, NDLR], qui va donner le style. Ensuite, il faut vérifier que nous construisons bien le château qui aurait pu être construit à cet endroit. Enfin, il faut l'attribuer à une personne, afin de connaître les moyens dont nous disposerons. Nous avons décidé qu'il s'agirait d'un seigneur, vassal de Jean de Toucy. Ce dernier a réellement existé et était le suzerain vivant à Saint-Fargeau au XIIIe siècle".

Voilà pour l'histoire. Dans la pratique, les travaux avancent bien puisque le château est presque terminé. Pour cette nouvelle saison, jusqu'à la fin de l'année, les œuvriers vont poursuivre leurs travaux sur la future porte d'entrée du château et apporter les dernières finitions à la tour de la chapelle. Un travail réalisé grâce au savoir-faire de chacun des artisans sur place : forgerons, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers... etc.

L'aventure médiévale de Guédelon permet par ailleurs d'en apprendre plus sur les techniques de construction du Moyen Âge, avec l'acquisition de données très précises. "Nous savons par exemple qu'il faut cinq heures pour équarrir une poutre de cinq mètre de long", confie Florian Renucci, avant de poursuivre : "il s'agit d'une moyenne enregistrée sur une vingtaine d'années. C'est donc une donnée tout à fait fiable, qui est introuvable dans les livres d'Histoire car ça n'est pas forcément communiqué ni connu".

Tous ces enseignements sont bien sûr transmis aux visiteurs. "Guédelon est aussi un château qui parle", affirme Florian Renucci. "Il peut raconter chaque étape de sa construction, avec des images et une documentation absolument unique". Plus qu'un simple château fort, le visiteur découvre sur place un lieu singulier qui permet une meilleure compréhension du patrimoine. Ici la devise c’est « construire pour comprendre ».