Les voitures autonomes vont arriver sur nos routes

VL autonome

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Notre dossier de la rédaction est consacré cette semaine aux véhicules autonomes, qui devraient bientôt faire leur apparition sur nos routes. Si cela est possible, c’est notamment parce que la règlementation et la technologie ont évolué. Nos routes devraient ainsi devenir plus sures. Une évolution suivie de près par les assureurs automobiles.

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Vers de plus en plus d'autonomie de nos voitures
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Ce n’est qu’une question de mois ! Les véhicules autonomes vont débarquer sur les routes, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde. Il existe six niveaux qui évaluent le degré d’autonomie d’un véhicule (entre 0 et 5). Il y a peu, seul le niveau 2 était autorisé par le Code de la route, ce qui ne permet pas aux conducteurs, propriétaires des véhicules les mieux équipés, de lâcher les mains du volant. Mais cela a changé ! Le niveau 3 est désormais autorisé. Il sera alors possible, quand les véhicules arriveront, de se laisser conduire, dans les bouchons, lorsque l’on roulera sur une autoroute ou une route dotée d’un séparateur central et d’au moins deux voies. « C’est historique ! Les véhicules autonomes enfin arrivent ! », s’enthousiasme Alain Piperno, expert en véhicules autonomes à l’UTAC, l’organisme chargé d’homologuer les véhicules neufs en France. « À partir du moment où vous mettez le pilote automatique, la voiture est responsable de la conduite, poursuit Alain Piperno. Elle peut cependant ne pas voir ce qu’il y a au loin, donc elle peut avoir besoin de vous rappeler, mais elle doit faire une manœuvre d’urgence dès qu’il y a un risque imminent. Le Code de la route va autoriser un conducteur à lire, écrire, téléphoner et travailler à partir du moment où il a mis la conduite autonome et où toutes ses activités sont gérées par le véhicule, il passera par la console centrale et le véhicule autonome, s’il y a un danger, coupera la vidéo ou le téléphone et demandera au conducteur de revenir à la conduite. »

Grâce aux progrès technologiques...

En France, il faut désormais que les constructeurs homologuent leurs véhicules de niveau 3, pour les voir apparaitre sur nos routes. Des voitures qui seront équipées de la technologie Lidar. C’est entre autres grâce à elle que nos voitures vont devenir de plus en plus autonomes. « Le Lidar, c’est un capteur qui permet à la voiture de voir ce que les yeux et les oreilles de l’humain ne voient pas, explique Antoine Lafay, directeur recherche et innovation véhicules autonomes chez l’équipementier automobile français Valeo. Des petits objets lointains sont perçus par le Lidar, par tout temps, par toute luminosité, y compris la nuit. »

Pour le moment donc, la conduite pourra être gérée par le véhicule sur les autoroutes et les voies rapides lorsque la vitesse n’excède pas 60 km/h. Mais cela pourrait rapidement changer. « La règlementation, les constructeurs et les équipementiers comme Valeo travaillent à augmenter la vitesse pour arriver à une conduite jusqu’à 130 km/h avec du changement de voie automatique pour s’insérer dans n’importe quel trafic sur autoroute, assure Antoine Lafay. Ça, c’est la prochaine étape qui devrait arriver à l’horizon 2025. »

Ce qui devrait permettre d'améliorer les conditions de circulation et la sécurité

D’après une étude internationale sur les véhicules autonomes, menée principalement par les États-Unis, seulement 5 % de voitures autonomes présentes sur autoroute dans un secteur donné permettraient d’améliorer significativement les conditions de circulation. « Ce que les véhicules autonomes arrivent à faire, c’est absorber les perturbations et forcer en quelque sorte les gens à être à la bonne vitesse d’équilibre et éviter ces phénomènes d’accordéon, explique Amaury Hayat, chercheur à l’École des Ponts ParisTech, qui a participé à cette étude. » Car ce sont bien les conducteurs alternant entre accélérations et coups de frein qui sont responsables des bouchons qui se forment sans raison particulière, quand le trafic est dense. Ce qui a un impact sur la consommation de carburant. « Ce n’est pas négligeable, continue Amaury Hayat. On parle d’augmentation de carburant qui peut aller jusqu’à 40 % dans les fortes congestions. Et ça, c’est le point principal sur lequel on pourrait jouer en éliminant les bouchons. » Puisque la voiture autonome va analyser les distances entre chaque véhicule et ainsi limiter les variations de vitesse, particulièrement gourmandes en carburant. Tout cela devrait également permettre une diminution de la pollution.

Quid des assurances auto ?

Malgré tout, même s’ils devraient être moins nombreux, des accrochages pourront toujours se produire. Alors qui sera responsable en cas d’accident impliquant un véhicule autonome ? Nous avons contacté Alexis Merkling, de France Assureurs, la fédération française de l’assurance : « La question est de savoir qui était véritablement en train de conduire. Est-ce que c’était le système qui était en mode délégation de conduite ? Auquel cas il n’y a aucune difficulté, c’est le constructeur qui va avoir une responsabilité. En un premier temps, ça ne change rien : c’est l’assureur du véhicule qui va indemniser la victime et qui, dans ce cas-là, va pouvoir exercer un recours contre le constructeur du véhicule qui, lui, va supporter la charge finale. En dehors d’une délégation de conduite, on est dans la situation classique du conducteur qui est responsable et donc c’est l’assureur qui assume cette charge finale de l’accident. Et puis il peut y avoir des conducteurs qui pourraient être tentés de vouloir cacher le fait qu’il conduisait eux-mêmes le véhicule. » Pour déterminer qui du conducteur ou de la voiture était en charge de la conduite au moment d’un accident, toutes les futures voitures autonomes seront dotées d’un enregistreur de données, que les assureurs pourront consulter. À ne pas confondre avec les boites noires, qui doivent désormais équiper tous les nouveaux véhicules, mais auxquelles les assurances n’auront pas accès.