Des innovations technologiques au service du personnel en intervention sur l'autoroute

Un fourgon en intervention

©APRR/CHABERT Xavier

Avec plus de trente fourgons ou remorques percutés lors des six premiers mois de l'année, et un agent routier décédé dans l'exercice de ses fonctions, 2022 est une année noire sur les réseaux autoroutiers APRR et AREA. Alexandre Claude, directeur du réseau AREA, lève le voile sur des solutions innovantes pour la sécurité du personnel en intervention. Un reportage de Franck Pélissier.

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Des innovations technologiques au service des agents autoroutiers
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Alexandre Claude, directeur du réseau AREA, déplore ces comportements dangereux de la part des conducteurs : "C'est plus que sur les autres années et on voit que c'est en augmentation et que ça va aussi avec l’augmentation des incivilités. Les facteurs d'incivilité sont de deux ordres : le premier, c'est la distraction avec tous les outils numériques que l'on peut avoir au sein des véhicules, mais surtout, le deuxième, ce sont les incivilités le matin et le soir. Lorsqu’on fait des travaux de nuit, certains clients, pour gagner une minute, vont rentrer dans le balisage et ne pas se rendre compte qu'il y a nos agents. Ils peuvent alors insulter nos agents, les frôler, peuvent percuter même certains véhicules et repartir avec un délit de fuite. On a observé une augmentation (NDLR : de ces comportements) depuis la sortie du Covid et on est très, très inquiets par rapport à ça."

Alexandre Claude, directeur du réseau AREA

©Franck Pélissier - Autoroute INFO

Alexandre Claude, directeur du réseau AREA

Pour remédier à ces situations dangereuses pour les agents, le groupe APRR travaille actuellement sur deux innovations technologiques.

Tout d'abord, la réalisation d'un baliseur / débaliseur autonome :  "C'est un camion qui pose et dépose les cônes automatiquement sans qu'il y ait besoin d'un agent à l'intérieur du fourgon pour passer la main dehors et poser le cône, et qui permet donc d’éviter qu'un agent se retrouve face à un poids lourd qui aurait perdu sa trajectoire. C'est en cours d'homologation et on va dire que, dans deux-trois ans, on pense qu'on pourra le mettre sur le réseau."

"La deuxième innovation, poursuit Alexandre Claude, c'est un fourgon équipé de capteurs, ce qui permet d'observer la trajectoire des véhicules. Je prends l'exemple d’un accident : un de nos patrouilleurs se rend sur place, se met devant son fourgon parce qu'il met celui-ci en protection de l'accident. Il suffit qu'il y ait un véhicule qui arrive derrière, avec un chauffeur qui n'a pas vu le fourgon ou s'est endormi pour qu'un risque soit présent. Grâce aux capteurs, le fourgon va calculer la trajectoire et pouvoir prévenir l’agent le plus en amont possible pour dire attention, il y a quelqu'un qui arrive qui veut percuter le fourgon, mets-toi en sécurité." 

Le chauffeur disposera alors d’une fraction de seconde pour s’éloigner de la zone dangereuse. Une réaction immédiate rendue possible par la présence d’un système d’alerte connecté à ses chaussures. La chaussure va en effet vibrer dès la détection du danger. Et le choix d’une chaussure connectée plutôt qu’une montre ou un bracelet est tout sauf anodin, explique Alexandre Claude :  

"Il a été observé par des études, notamment auprès de malades d'Alzheimer, que la chaussure est la seule chose qu'on n'oublie pas. On peut oublier son baudrier, on peut oublier quelque chose d'autre, mais la chaussure, on ne l'oublie pas. On ne sort jamais sans ses chaussures... Et ensuite, la vibration au niveau du pied, c'est ce qui permet de remonter le plus facilement jusqu’au cerveau comparé à un signal sonore ou un signal visuel."

Mais la technologie, à elle seule, ne suffira pas. La sécurité du personnel autoroutier est l'affaire de tous, à commencer par les clients de l'autoroute eux-mêmes, qui ne doivent jamais perdre de vue que leur comportement peut à tout moment mettre en cause la vie des autres.