Plongée au cœur d'une entreprise de transports
21 octobre 2022
©didiergourdonphotography
Le dossier de la semaine nous fait nous plonger dans la vie d'une société de transports, mais pas n'importe laquelle : les transports Gillois sont dirigés par une femme, qui a repris le flambeau familial. Un dossier réalisé par Adeline Després.
Les transports, c'est avant tout une passion familiale. Il y a 25 ans, Estelle Gillois a pris les rênes de l'entreprise créée par ses parents, en 1962, en Mayenne. Depuis 60 ans, c'est une affaire qui roule. Fière de cet héritage, elle emploie aujourd'hui 90 personnes pour 60 moteurs. Mais oubliez les idées reçues : dans une société de transport, il n'y a pas que des conducteurs routiers, explique Estelle Gillois :
"Le métier qu'on voit, qui émerge, bien sûr, c'est le métier de conducteur routier car, sans conducteur, on ne peut rien faire. On a choisi d'avoir un métier en transport à la demande, avec des départs qui sont à la semaine, quelques-uns qui sont quotidiens, et avec des retours qui peuvent se faire à l'entreprise".
Autre profession, les magasiniers caristes :
"Ce sont des gens qui ont la charge de recevoir les marchandises qui viennent de chez nos clients, de les ranger dans des racks avec de l'informatique embarquée. Ils vont ensuite faire les préparations de commande pour charger les camions".
Une informatique qui s'invite également dans l'atelier où s'affairent d'autres maillons essentiels. Il faut dire que l'entreprise a fait le souhait de garder un atelier intégré et entretient donc ses véhicules de A à Z :
"Les mécaniciens ont la charge de l'entretien des véhicules. Pas forcément que sur du curatif, mais beaucoup sur du préventif. Nous, nous avons des plans d'entretien de nos véhicules pour éviter qu'ils tombent en panne. Cela peut être des plans très rapprochés sur le suivi des freins ou des pneumatiques, où là aussi on en train de rajouter de l'informatique pour suivre à distance les pressions et les températures des pneumatiques. On a aussi tout ce qui peut être autour de la climatisation, autour du maintien également du matériel de logistique."
Arrêtons-nous maintenant sur le métier de l'exploitation :
"Je n'aime pas du tout ce mot, précise Estelle Gillois. Je considère que ce sont plutôt des organisateurs, des planificateurs qui font le lien entre nos clients, parfois les clients de nos clients, les différents services de l'entreprise et les conducteurs. Ce sont eux qui organisent les trajets pour faire le moins de kilomètres possible à vide, qui remplissent au maximum les véhicules qui vont, entre guillemets, vendre le fret sur le marché du transport, qui vont aller chercher des compléments pour remplir au mieux les camions, pour faire qu'on ait à la fois de la rentabilité et puis le label CO2. S'ils le font bien, on a moins de carburant nécessaire et de carbone net à la 'tonne-kilomètre' transporté".
©Estelle Gillois
L'environnement au cœur de l'entreprise Gillois
La qualité de vie au travail de ses conducteurs reste primordiale pour Estelle Gillois :
"On a des camions maintenant qui consomment beaucoup moins, qui sont respectueux de la planète, mais respectueux aussi du conducteur, c'est à dire qu'on n'a plus de vibrations. On a des boîtes automatiques. Alors derrière il y a le côté effectivement informatique embarqué où certains me disent qu'ils leur arrivait de faire 10 bornes pour pouvoir aller manger dans ce resto là qui était meilleur et qu'aujourd'hui, on ne peut plus forcément le faire quand on est conducteur. C'est vrai qu'il y a des choses qui ont changé, mais pas forcément uniquement en mal. Il y a des deux".
Autre évolution, la mise en place d'un coaching à distance des conducteurs pour économiser notamment le carburant :
"Cinq fois dans le mois, ils vont être appelés pour qu'on leur fasse changer leur style de conduite. Chaque conducteur reçoit chaque semaine, puis chaque mois, sa note de conduite, qu'il soit ou non en coaching, bien sûr. C'est basé sur des nombres de coups de frein au 100 km, le temps de freinage sur une heure, sur l'anticipation, le fait de lâcher très longtemps en amont la pédale d'accélérateur pour ne pas avoir à appuyer sur le frein, c'est aussi regarder le temps où le moteur tourne à l'arrêt. J'ai plein de conducteurs qui jouent le jeu. Ils ont été emmenés sur ce terrain par un nos conducteurs qui s'appelle Pierre Emmanuel Huet, qui, en 2019, avait obtenu la couronne de conducteur de l'année au 24 heures du Mans. Il a montré la voie et depuis tout le monde se sent concerné et on a cette amélioration permanente. On a une moyenne d'à peu près 90 sur 100 toutes les semaines dans notre parc, donc c'est absolument génial. Je suis très fière de mes conducteurs, je leur dis merci les gars et surtout soyez prudents. Bonne route".
En attendant, Estelle Gillois a encore des combats à mener, comme elle le dit, pour sans cesse faire évoluer sa profession.
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