Un témoignage pictural rare du Moyen Age à découvrir à Chambéry

Peintures murales Cruet

© Flore Giraud, Musée Savoisien, Conseil départemental de la Savoie.

Les peintures murales de Cruet constituent le seul témoignage de peintures profanes du Moyen Âge conservé dans un musée français. C’est à Chambéry, au Musée Savoisien, que nous emmène Véronique Voiron pour les découvrir. Un reportage à écouter ci-dessous.

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Les peintures murales de Cruet
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Découverte en 1985 au Château de la Rive à Cruet, en Savoie, lors de travaux, ces peintures datées du XIVe siècle sont actuellement exposées au Musée Savoisien. "Généralement à cette période, on conserve des cycles religieux plutôt dans les églises et on en conserve beaucoup moins dans les châteaux ou dans les maisons. L'autre élément, c'est que souvent, ils sont conservés in situ et donc là on a vraiment la chance de les avoir dans un musée", souligne Sébastien Gosselin, directeur-adjoint du Musée Savoisien.

C'est un ensemble de peintures constitué de douze panneaux qui est présenté aux visiteurs et qui s'étale sur près de quarante mètres de long. "Il s'agit d'un ensemble assez conséquent qui représente, à travers une série de scènes successives, un roman de chevalerie : le roman de Girart de Vienne. C'est un roman absolument merveilleux avec des personnages hauts en couleur : il y a une duchesse de Bourgogne assez incroyable, des combats de chevaliers, il y a du sexe, il y a de la guerre, il y a vraiment tout ce qu'on aime ", ajoute Sébastien Gosselin.

Ce sont quand même des peintures qui ont sept siècles !

L'installation de ces peintures dans le musée n'a pas été laissée au hasard. Elles sont présentées dans une configuration proche de celle qu'elles avaient lorsqu'elles étaient dans le château. Elles sont positionnées en hauteur, au-dessus d'un ensemble de fenêtres, comme c'était le cas au Moyen Âge. Les différents panneaux sont répartis en périphérie d'une pièce, ce qui permet aux visiteurs de les embrasser d'un seul coup d'œil et de comprendre tout de suite l'histoire racontée par ce roman. 

Peintures murales Cruet

© Flore Giraud, Musée Savoisien, Conseil départemental de la Savoie.

Intéressons nous donc d'un peu plus près à l'histoire racontée par ces peintures. "Au départ, Charlemagne apprend la mort du duc de Bourgogne. Il lui faut donc trouver un mari pour la jeune et belle veuve du duc. Il choisit Girart. C'est ce qu'on voit sur cette première scène, où Charlemagne chasse le cerf. On a, sur la droite, le messager qui sonne de la trompe pour annoncer à Charlemagne la mort du duc", détaille Sébastien Gosselin.

 

Cavalier sonnant l’hallali

© Flore Giraud, Musée Savoisien, Conseil départemental de la Savoie.

Cavalier sonnant l’hallali.

Le cinquième panneau présente une scène plutôt cocasse. "Girart doit se reconnaître vassal de Charlemagne, il doit donc embrasser son pied. On le voit donc agenouillé devant le lit de Charlemagne et la duchesse de Bourgogne, et il embrasse un pied. Sauf qu'il ne voit pas que c'est celui de la duchesse de Bourgogne, c'est quand même assez dramatique. Il se reconnaît donc vassal d'une duchesse et non de l'empereur. Mais pour le moment, il ne le sait pas encore... ", poursuit Sébastien Gosselin.

Détail  tableau baiser pied

© Flore Giraud, Musée Savoisien, Conseil départemental de la Savoie.

Détail du panneau 5 : Coucher royal

Cette scène a joué un rôle important dans l'interprétation de ces peintures murales. En effet, c'est précisément cette scène qui a permis à Térence Le Deschault de Monredon, un historien de l'art, de découvrir l'origine du roman. C'est par cette scène du baiser du pied qu'il a pu identifier le roman de Girart, il y a quelques années seulement. 

 

Ces fresques sont une histoire dans laquelle on a envie de s'engouffrer et qui peut tout à fait stimuler l'imagination et émouvoir petits comme grands.

Pour connaitre la suite de l'histoire racontée par ces peintures murales de Cruet, rendez-vous au Musée Savoisien, à Chambéry.