Adrienne Bolland : l'incroyable traversée des Andes

Vieil avion

© Andreas Zeitler - Adobe Stock

Nouveau numéro de notre série consacrée aux expéditions extraordinaires. On vous raconte, ci-dessous, l'histoire de la traversée des Andes d'une aviatrice française. Retrouvez également une interview de Coline Béry, auteure des ouvrages Adrienne Bolland, ou les ailes de la liberté (éditions Le Passeur) et L'air sauvage (Collection corde raide).

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Adrienne Bolland : l'incroyable traversée des Andes
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Le récit de la traversée des Andes par Adrienne Bolland.
Interview de Coline Béry, auteure-biographe d'Adrienne Bolland
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Une interview de Coline Béry auteure de deux ouvrages sur l'aviatrice : Adrienne Bolland, ou les ailes de la liberté (éditions Le Passeur) et L'air sauvage (Collection corde raide).

Une expédition folle, à bord d'un avion dépassé

Il y a un peu plus de 100 ans, une Française, Adrienne Bolland, s’apprêtait à tenter l’impossible : traverser la cordillère des Andes – la plus haute chaine montagneuse d’Amérique – à bord d’un petit avion, un Caudron G.3.

Le 25 août 1920, la pilote était déjà devenue la première femme à traverser la Manche.

On est désormais en 1921, le secteur de l’aéronautique est en plein développement, mais le Caudron G.3, dans lequel se trouve Adrienne Bolland, est déjà dépassé et on ne peut pas dire qu’il soit très fiable pour une telle expédition.

Le 1er avril 1921, sans trop réfléchir – il ne vaut mieux pas – la pilote décolle de Mendoza, en Argentine. L’objectif est de passer de l’autre côté des Andes, pour atterrir à Santiago, au Chili, 250 km plus loin. Le Caudron G.3 est fait de bois et de toile. Une véritable plume dans le ciel, face aux vents qu’il devra affronter. Ses 80 CV lui permettent, en théorie, de voler à une altitude maximale de 3.800 m, alors que les cols des Andes dépassent largement cette altitude.

Adrienne Bolland est partie sans parachute, sans carte et sans boussole. Rien ne garantit le succès de cette mission. Elle a choisi la route la plus directe, mais aussi la plus dangereuse, car située au milieu des plus hauts sommets et balayée par des vents mortels. Très peu de pilotes ont réussi à passer par-dessus les Andes dans le passé.

Caudron G.3

Autochrome réalisé par Jules Gervais-Courtellemont en 1914. Au centre de l'image : un Caudron G.3.

Une mystérieuse visite et une arrivée triomphale

Adrienne, qui a obtenu son brevet il y a un petit peu plus d’un an seulement, doit rapidement faire avec des vents de face très puissants. Pendant près d’une heure, elle se bat contre eux et fait du surplace. Un peu plus tard, elle se trouve au-dessus d’un lac qui a une forme d’huitre. C’est là qu’elle se souvient d’une conversation qu’elle a eu avec une femme quelques heures plus tôt à Buenos Aires, venue de la part d’un habitant des Andes. Cette femme l’avait prévenue que lorsqu’elle volerait au-dessus d’un lac qui a une forme d’huitre, elle serait tentée de tourner à droite. Elle avait alors averti Adrienne qu’il faudrait absolument serrer à gauche, sinon, c’est le crash assuré.

Sur le moment, Bolland n'avait pas su quoi penser de cette visite, mais lorsqu’elle se retrouve au-dessus de ce fameux lac en forme d’huitre, elle décide de suivre les conseils qu’on lui a donné. Bien que la pilote soit tentée de tourner à droite, elle opte pour un virage à gauche. Et c’est effectivement en suivant ce chemin, qu’elle trouve un passage entre les montagnes. Après quatre heures de vol, à lutter contre des vents d’une force inouïe, Adrienne Bolland aperçoit Santiago du Chili. Elle s’y pose et devient la première femme à passer au-dessus des Andes.

Le président de la République chilienne se déplace pour féliciter, en personne, la Française, ce que ne fait pas l’ambassadeur de France au Chili qui, en ce 1er avril 1921, croit à un poisson d’avril.

Récit : Antoine Aupart / Réalisation : Nicolas Vernizeau

Adrienne Bolland

Adrienne Bolland en 1921. Photo publiée par le magazine argentin El Gráfico le 19 mars 1921.