Bilan de la sécurité autoroutière : des comportements à changer

Isabelle Defrance, des autoroutes APRR. CHEF DE SERVICE SECURITE ET SIGNALISATION

Isabelle Defrance, Chef de service signalisation et sécurité trafic (APRR et AREA) © APRR/ Nicolas ROBIN

Cette semaine, le dossier de la rédaction s’intéresse aux chiffres de la sécurité routière sur autoroute depuis l’apparition du Covid-19. Nous avons fait le point avec Isabelle Defrance, de la Direction technologies et sécurité trafic d'APRR et AREA, et Christophe Boutin, Délégué général de l'Association des Sociétés Françaises d'Autoroutes. Un reportage d'Antoine Aupart, à écouter ci-dessous. 

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Le bilan de la sécurité autoroutière depuis l'apparition du Covid-19
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Un lourd bilan sur les années 2021 et 2022

L’année 2020 ayant été marquée par deux longues périodes de confinement, commençons par nous intéresser aux chiffres de la sécurité routière de 2021 sur les autoroutes APRR et AREA. Cette année-là, les restrictions liées à l’épidémie de Covid-19 ont encore été nombreuses : instauration de plusieurs couvre-feux durant le premier semestre, fermeture des remontées mécaniques dans les stations de sports d’hiver et mise en place d’un confinement entre avril et mai. Toutes ces mesures, ainsi que la forte incitation au télétravail, ont eu une conséquence sur le trafic autoroutier, qui a baissé, sur le réseau APRR et AREA, de 6 % en 2021, par rapport à 2019, l’année de référence.

Et pourtant, malgré une baisse du nombre de véhicules sur ces axes, les chiffres de la sécurité routière sont particulièrement mauvais. Non seulement le nombre d’accidents en 2021 a augmenté sur les autoroutes APRR et AREA par rapport à 2019 (de 6381 à 6404), mais le nombre d’accidents corporels était également en hausse, passant de 298 à 320, avec une augmentation du nombre de tués de 34 %.

Et la tendance en 2022 n’est toujours pas bonne, et ce sur l’ensemble des autoroutes concédées en France, avec 187 personnes qui ont perdu la vie l’an passé, soit 33 morts de plus par rapport à 2019. Une année qui a été marquée par une augmentation du nombre d’accidents impliquant du personnel en intervention, entrainant la mort de quatre d’entre eux (aucun accident mortel impliquant des professionnels n’avait été enregistré depuis 2017).

Téléphone texto au volant

Le téléphone au volant, une pratique interdite et dangereuse © Adobe Stock / kasto

Des actions menées pour faire baisser le nombre d'accidents

Un lourd bilan et des chiffres de l’accidentologie en hausse par rapport à 2019 qui s’expliquent principalement par une vitesse inadaptée, l’inattention des conducteurs qui consultent leur smartphone en conduisant, ou encore la somnolence.

Pour lutter contre les comportements déviants qui se multiplient, les autoroutes APRR et AREA tentent de sensibiliser leurs clients, en proposant des ateliers, sur certaines aires de services. Il est par exemple possible de tester son temps de réaction grâce à un simulateur et ainsi de comprendre comment améliorer ses performances.

Et pour que les accidents impliquant du personnel autoroutier n’arrivent plus, le mieux est de respecter le corridor de sécurité, une règle encore trop méconnue, qui impose aux automobilistes de s’éloigner le plus possible d’un véhicule en panne ou en intervention, dans la mesure, bien sûr, où ce changement de voie peut se faire sans risque. Pour sensibiliser les conducteurs sur cette législation inscrite au code de la route en 2018, l’Association des Sociétés Françaises d’Autoroutes et les forces de l’ordre proposent des opérations d’alternative à la sanction. Le principe de l’opération est d’arrêter des automobilistes qui ne respectent pas cette règle. Pour éviter la verbalisation, ils doivent passer du temps sur une aire pour participer à des ateliers de sensibilisation et rencontrer des patrouilleurs. 

En parallèle, pour toujours plus de sécurité sur leurs autoroutes, les sociétés APRR et AREA agissent sur leurs infrastructures en intervenant sur les zones les plus accidentogènes et ont installé des dispositifs permettant de détecter automatiquement des véhicules à contresens, afin de permettre aux services de sécurité d’intervenir plus rapidement.