Christophe Colomb : l'homme qui n'a jamais su qu'il avait posé le pied en Amérique

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Christophe Colomb est-il vraiment le premier à avoir découvert l'Amérique ? Et d'ailleurs, pourquoi ce continent se nomme ainsi ? Les réponses dans ce nouveau numéro de notre série consacrée aux expéditions extraordinaires.

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Christophe Colomb : l'homme qui n'a jamais su qu'il avait posé le pied en Amérique
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Cristoforo Colombo, que nous appellerons Christophe Colomb, nait à Gênes, en Italie, au milieu du XVe siècle. Marco Polo a atteint l’empire mongol il y a plus de 200 ans quand Christophe Colomb projette de monter une expédition, dont le but est d’ouvrir une route maritime entre l’Europe et ce que l’on appelait autrefois les Indes, c’est-à-dire l’Asie de Sud et du Sud-Est, afin d’y exploiter les richesses. À cette époque, rallier l’Asie en parcourant la Route de la Soie de Marco Polo est beaucoup trop dangereux. Mais comme on sait que la Terre est ronde, Colomb se dit qu’il suffit de traverser l’océan Atlantique d’est en ouest, pour tomber naturellement sur les Indes. Ce qu’il ignore, c’est qu’un continent se dresse entre l’Europe et l'Asie.

 

Après plusieurs années à argumenter auprès de la reine et du roi d’Espagne pour qu’ils financent son voyage, il parvient, en 1492, à convaincre le royaume, qui donne son accord pour cette expédition qui pourrait faire de l’Espagne le pays le plus riche d’Europe.

Le 3 aout, Christophe Colomb part du port de Palos de la Frontera en compagnie d’une centaine d’hommes et avec trois bateaux : la Pinta, la Niña et la Santa María qu’il commande. Il fait une première escale dans les îles Canaries afin d’effectuer le plein de bois, d’eau et de vivres, avant de reprendre la mer. L’Italien suit les alizés : ces vents réguliers soufflant d’est en ouest. Les jours et les semaines passant, la navigation en pleine mer, où le temps passe lentement, devient de fil en aiguille monotone. Aucune terre n’est en vue, les vents perdent en intensité, et les marins, pensant être perdus en beau milieu de l’Atlantique, commencent à perdre patience. Au début du mois d’octobre 1492, l’eau potable et la nourriture commencent à manquer. La tension à bord des navires devient de plus en plus forte, à tel point qu’une mutinerie menace d’éclater. Christophe Colomb, pour calmer ses hommes, ment alors délibérément sur les distances parcourues.

Terre en vue !

Un beau jour, les marins aperçoivent des oiseaux voler. C’est bon signe : cela veut dire qu’une terre n’est pas loin. Et effectivement, le 12 octobre 1492, plus de deux mois après son départ d’Espagne, Colomb atteint ce qu’il pense être les Indes. Il débarque en fait sur Guanahani, une petite île des Bahamas, peuplée par les Taïnos et rebaptisée San Salvador par des Européens subjugués par la beauté des lieux. Ils y découvrent des arbres immenses, de nouveaux aliments et des animaux qu’ils n’avaient jamais observés auparavant. Les habitants — que Colomb nomme « Indiens » — ont la peau mate, les visages peints et sont dénudés. Ils se montrent particulièrement amicaux et pacifistes et offrent des cadeaux aux voyageurs qu’ils imaginent venir du ciel.

Le navigateur ne perd pas de vue le but de son voyage : trouver de l’or. Mais ici, il n’y en a pas beaucoup. D’ailleurs, les lieux ne ressemblent en rien à ceux décrits par Marco Polo. Alors il reprend la mer et débarque, le 28 octobre, sur l’île de Cuba, pensant avoir atteint le Japon. Le 6 décembre, les marins atteignent Haïti. Et puis après le naufrage d’un des bateaux, Christophe Colomb rentre en Espagne. Mais avec un navire en moins, il doit laisser derrière lui 39 hommes : ce sont les premiers colons.

Nouvelles traversées de l'Atlantique et premières colonies

L’explorateur retrouve l’Espagne en mars 1493. La même année, il traverse une nouvelle fois l’Atlantique. Il en profite pour poursuivre ses explorations dans les Antilles. Sur l’île baptisée Hispaniola — partagée aujourd’hui entre Haïti et la République dominicaine —, une première colonie s’installe, à l’intérieur de laquelle les colons exploitent les indigènes et ont recours à l’esclavage et à la torture (ce qui, au passage, ne plait pas du tout à la reine d’Espagne). Des Européens porteurs de maladies avec lesquelles les Taïnos n’ont jamais été en contact. Les agents pathogènes ramenés par les colons, ainsi que les conflits, décimeront les autochtones dans les décennies futures.

Dans les années qui suivent, Christophe Colomb effectue à nouveau l’aller-retour, entre l’Europe et les îles qu’il a découvertes, à deux reprises. Il meurt en 1506, sans savoir qu’il n’a jamais posé le pied en Asie. C’est son compatriote Amerigo Vespucci, explorateur lui aussi, qui comprend que ce que Colomb a localisé ne sont pas les Indes, mais un Nouveau Monde. Un autre continent, à qui on donnera son nom : America.

Peut-on affirmer encore aujourd’hui que Christophe Colomb a découvert l’Amérique ? Eh bien non ! Il a été prouvé que 500 ans avant lui, les Vikings ont visité le Canada et plus précisément l’île de Terre-Neuve. Il ne s’agit ici que d’un exemple. On soupçonne que d’autres Européens ont pu rejoindre l’Amérique avant le navigateur, sans parler des ancêtres des Amérindiens, qui ont atteint ces terres des dizaines de milliers d’années avant notre ère.

Récit : Antoine Aupart / Réalisation : Nicolas Vernizeau