Ecobonus : quand éviter les heures de pointe peut rapporter de l’argent
3 mai 2023
@yolka74
La Métropole Européenne de Lille lancera à la rentrée une expérimentation pour tenter de désengorger les principaux axes aux heures de pointe. On vous explique tout avec ce reportage.
"Changer ça rapporte". C’est le nom de cette expérimentation lancée par la Métro de Lille. Une idée qui vient de Rotterdam, aux Pays-Bas, et qui a un objectif simple : faire baisser le trafic en heure de pointe sur les autoroutes A1 et A23 qui desservent l’agglomération. Pour cela, plusieurs possibilités sont offertes. Sébastien Leprêtre, vice-président de la Métropole Européenne de Lille, chargé des mobilités et des transports, nous les cite : « Le désheurage (circuler sur ces autoroutes en dehors des heures de pointe) est une possibilité ou, et de manière préférentielle, les personnes peuvent changer leurs modes de déplacement : pratiquer plus et mieux le télétravail ou le covoiturage, puisque le covoiturage est une voie qu’on peut aussi vouloir emprunter dans le cadre des écobonus ».
Cette expérimentation se fait sur la base du volontariat et sera mise en place dès la rentrée pour une période de 9 mois. Les inscrits, après avoir vérifié qu’ils entrent bien dans les critères, devront signaler leurs changements d’habitude, souligne Sébastien Leprêtre : « C’est l’automobiliste qui va déclarer les trajets qu’il n’effectuera pas. Il y a une application qui est dédiée avec, naturellement, de la géolocalisation et donc le dispositif fonctionne sur le mode déclaratif. Ce qui n’empêche pas, bien évidemment, que nous vérifiions que l’automobiliste qui a fait la déclaration est effectivement dans une démarche qui consiste à éviter d’emprunter les autoroutes A1 et A23 aux heures de pointe ».
Maximum 80 euros par mois pour changer ses habitudes
Chaque trajet évité sera récompensé à hauteur de 2 euros crédités sur une cagnotte, avec un maximum de 80 euros par mois. Ce système incitatif est une première en France, mais pourrait faire des émules, car d’autres métropoles sont intéressées : « Il est évident qu’il y a quelques métropoles qui s’intéressent à cette expérimentation, nous confirme Sébastien Leprêtre. Elles attendent de voir comment les choses s’enclenchent très concrètement, donc elles attendent surtout le mois de septembre pour ensuite nous emboiter le pas ».
Même s’il est prometteur, ce dispositif n’en reste pas moins une expérimentation, et Sébastien Leprêtre en est conscient : « On est en train d’essuyer les plâtres. Moi, je crois que c’est intéressant aussi quand on est une grande collectivité comme la Métropole Européenne de Lille, de tracer la route (sans faire de mauvais jeu de mots), de montrer le chemin et puis d’expérimenter des solutions nouvelles. Il n’y a pas une solution miracle pour régler la thrombose routière qui nous caractérise, mais certainement un panel, un bouquet de solutions et l’écobonus en fait, de notre point de vue, à priori partie. »
L’objectif pour la Métro de Lille est une baisse de 6 % du trafic en heure de pointe sur les autoroutes A1 et A23. S’il est concluant, le dispositif pourrait être étendu à d’autres axes de l’agglomération, avant de gagner peut-être, d’autres métropoles.