A la pointe de la recherche dans le secteur de l'automobile

Modern smart car interface 3D rendering

© Adobe Stock / sdecoret

Cette semaine, le dossier de la rédaction est consacré à la recherche appliquée à l'automobile. Nous nous sommes rendus au laboratoire Drive, à Nevers, afin de vous présenter quatre innovations, qui pourraient changer nos véhicules dans les prochaines années. Un reportage à écouter ci-dessous.

Paragraphes
Quatre innovations dans le secteur de l'automobile
0:00
/

Le laboratoire Drive de Nevers est affilié à l'Université de Bourgogne. Les équipes d'enseignants-chercheurs et de doctorants s'intéressent notamment aux matériaux composites dans les véhicules, aux trous-noir acoustiques, à l'acceptabilité de l'intelligence artificielle ou encore à la cybersécurité des véhicules connectés.

Bientôt du lin, du coton ou du chanvre dans nos véhicules ?

Direction le pôle durabilité des structures composites. Olivier Sicot, responsable de l'équipe, explique que l'objectif est de remplacer certaines pièces de nos véhicules composées de carbones, de métaux ou de plastiques par des matériaux recyclés et/ou issus de la biomasse. C'est un travail de construction, d'agencement de la géométrie et de la masse de ces nouveaux matériaux afin qu'ils répondent aux mêmes contraintes tout en étant plus légers, durables et recyclables. Ainsi, il s'agit par exemple de remplacer l'acier d'un longeron de voiture par un matériau composite contenant des fibres de lin.

champ de coton

©AdobeStock/MeganBetteridge

Les trous noirs acoustiques

Un trou noir est un objet céleste aux propriétés d'absorption gigantesques. Les chercheurs du pôle mécanique et acoustique pour les transports, dirigés par le professeur Philippe Leclaire, se sont inspirés de ce principe pour leurs travaux sur l’absorption acoustique. L'objectif est de réduire le bruit qu'émettent nos voitures, tout en réduisant la masse embarquée et donc la consommation du véhicule. Pour cela, l'équipe s'intéresse à l'agencement de matériaux à l'échelle microscopique afin d'en tirer la meilleure absorption acoustique possible.

Selon les derniers résultats obtenus, il est possible d'absorber des centaines de hertz pour des matériaux de quelques centimètres, alors qu'il faudrait en temps normal des matériaux mesurant des dizaines de centimètres. Une prouesse rendue possible grâce à l'accumulation de plusieurs principes physiques. Ainsi, il serait possible de réduire le bruit du moteur d'un véhicule en appliquant un patch sous le capot ou encore de réduire le bruit du trafic en installant des panneaux composés de ces matériaux au bord des routes
 

Principe du trou-noir accoustique

©JeanPorcher

Un simulateur de véhicule autonome

Direction à présent le pôle infrastructures et réseaux de transports. Le professeur Philippe Brunet présente un simulateur d'un véhicule autonome avec une intelligence artificielle embarquée. Avec la concrétisation de ce type de véhicule, certaines entreprises pensent à les utiliser comme pour des services, avec des taxis sans chauffeur par exemple. Ils iraient chercher des personnes éloignées de la conduite, comme des personnes âgées, afin de les emmener à leur rendez-vous médical ou encore à leur club de jeu. Ici, l'intérêt est d'évaluer l'acceptabilité de ce type de service auprès des personnes concernées et d'ajuster l'intelligence artificielle pour qu'elle apporte le confort voulu sans être trop intrusive. Pour cela, un panel de testeurs essaie régulièrement le simulateur qui va jouer différents scénarios et différentes réponses à ces scénarios. Ces testeurs doivent ensuite remplir un questionnaire afin d'évaluer leur expérience, leurs réponses servant de base aux chercheurs pour affiner le service. 

simulateur de véhicule autonome

©LaboratoireDrive

La cybersécurité des véhicules connectés

Avec la démocratisation des véhicules connectés, l'augmentation du nombre de ces véhicules pose de nouveaux enjeux quant à la cybersécurité. Mohammed Senouci, directeur du laboratoire Drive, nous explique que comme pour tout système informatique, il existe des failles de sécurité qui permettent de casser ces systèmes. Ainsi, des pirates malintentionnés pourraient prendre le contrôle de votre véhicule à distance, envoyer de fausses informations aux véhicules alentour, ou pire, le faire freiner sur autoroute à 130 km/h.

Pour détecter et contrer ce risque, le Pr. Senouci et son équipe travaillent sur des programmes à base d'intelligence artificielle. Ces derniers, intégrés aux véhicules, pourront détecter les attaquants, les sortir du réseau et contacter les autorités compétentes.

En plus de ces attaques aux répercussions tangibles, les pirates peuvent également dérober les données personnelles stockées au sein du système. Cela peut être par exemple l'identification du véhicule et de son conducteur, son itinéraire ou encore sa position. Encore une fois, des programmes à base d'intelligence artificielle permettront de contrecarrer ses attaques, en donnant un pseudo nom au véhicule ou bien en cryptant sa position. Ces systèmes de sécurité devraient être pleinement opérationnels d’ici 2024.   

Une attaque sur un système informatique

©AdobeStock/sdecoret

Ces innovations sont pour l’instant en phase de développement. Même si certaines sont proches de se concrétiser, il reste différentes étapes à franchir. C'est le cas pour l’instauration d’un cadre légal, des études de marché ou encore l’évaluation de la possibilité d’une production industrielle.