En route avec... Sylvain Tesson

Sylvain TESSON

© Francesca Mantovani -Editions Gallimard

En route avec Sylvain Tesson ! Son dernier ouvrage retrace sa traversée des Alpes à ski, avec son ami le grimpeur Daniel du Lac. Un périple de 85 jours sur quatre hivers, depuis le Sud de la France, jusqu'à la frontière avec la Slovénie. Véronique Voiron a rencontré l'écrivain-aventurier.
 

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En route avec... Sylvain TESSON
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Portrait Sylvain TESSON

© Francesca Mantovani –Editions Gallimard

Votre dernier livre s'intitule Blanc et vient de sortir chez Gallimard. Une traversée des Alpes avec votre complice Daniel du Lac, comment tout cela a commencé ? Qui a pris la décision de cette aventure ? 

ST : Ça fait vingt ans qu'avec du Lac, nous courons les parois et que nous bivouaquons dans les grottes et ça fait des années que nous nous disions que c'est quand même dommage de ne pas vraiment plonger dans l'allégeance avec la neige et de ne pas totalement nous absorber dans ce monde blanc. Partant de cette déploration, nous avons convenu tous les deux que nous y passerions des semaines. Et c'est à ce moment-là qu' il m'a proposé de traverser l'intégralité de l'arc alpin, de Nice jusqu'à Trieste. Il a fallu d'abord s'affranchir du Mercantour, de l'Ubaye et du Queyras avant d'arriver dans les Alpes du Nord.

Quelles sont vos sensations lorsque vous vous retrouvez immergés comme ça, au coeur  de ces paysages immaculés ? 

ST : Mais c'est tout le propos de ce livre, c'est de dire que le blanc est une surface sur laquelle on projette ses souvenirs et ses visions, et en même temps la blancheur du paysage est une substance dans laquelle on finit par se dissoudre et par oublier le temps. 

 

Sylvain TESSON

© Daniel du Lac

Durant la traversée des Alpes à ski

A travers tous vos voyages et toutes ces expéditions, finalement, vous recherchez quoi, Sylvain Tesson ? Y-a-t-il une sorte de quête ?

ST : Mais, je ne sais pas... Je suis dans une espèce d'errance permanente parce que j'éprouve un grand plaisir à me mouvoir. Je pense que le mouvement résout tout, j'aime le mouvement dans toutes ces acceptions. J'aime le mouvement quand il est représenté par les artistes. J'aime le mouvement de la musique, des arts et des lettres. J'aime le mouvement des corps ! J'aime par exemple la danse davantage que des fossiles, j'aime l'eau claire du torrent davantage que le ciment. J'aime la course des nuages. Alors, pour toutes ces raisons-là, moi, je suis du côté de ce qui fulgure, de ce qui est fugace, éphémère et virevoltant. Par ailleurs, j'aime le mouvement du voyage parce que je trouve qu' il résout tous les tourments et nous permet de nous désennuyer, d'oublier tous nos malheurs. 

Un endroit où vous aimez aller, vous qui avez énormément voyagé, un endroit où vous vous réfugiez et où vous pouvez vous ressourcer ? 

ST : Alors moi, pour me ressourcer, m'inspirer, j'aime aller dans la montagne, indéniablement, et de toutes les montagnes que j'ai vues il y a un pays, une ville, qui m'a beaucoup frappé à cause de son paysage et à cause de l'histoire qu'elle porte, c'est Sils-Maria, dans l'Engadine suisse, à la frontière de l'Autriche, près du lac de Silvaplana. Cet endroit où Nietzsche a eu la révélation de son Zarathoustra et a décidé de créer une philosophie qui renversait toutes les certitudes héritées depuis l'Antiquité.

 

Couverture LIVRE

® Editions Gallimard

Blanc, Sylvain Tesson, Gallimard, 2022, 236p., 20€.