En Savoie : un protocole pour mieux sécuriser les agents routiers
6 mars 2023
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En Savoie, à l'initiative du préfet, un protocole vient d'être signé par les différents services de secours du département. Un document qui définit de façon précise comment intervenir lors d’accidents de la route sur des axes à forte circulation. Un dossier préparé par Franck Pélissier.
Le 2 mars 2022, deux agents de la direction interdépartementale des routes Centre-Est perdaient la vie sur la route nationale 90, en Savoie, renversés par un véhicule alors qu’ils intervenaient en bordure des voies pour sécuriser une zone d’accident. C’est, notamment, pour éviter que de tels drames se reproduisent que la préfecture de Savoie a signé fin février, après plusieurs mois de travail, un protocole relatif aux interventions des secours sur ce type d’évènements. François Ravier, préfet de la Savoie :
« L'idée, c'est de refixer très clairement cette notion de corridor de sécurité. Il va permettre aux primo-intervenants d'intervenir en sécurité mais aussi en sécurisant le cas échéant, des véhicules qui peuvent être sur les bandes d'arrêt d'urgence... Que tous les intervenants soit bien informés de ce qu'ils ont à faire, de ce que font les autres dans ces zones potentiellement dangereuses ».
De gauche à droite : le Colonel Terrien, du SDIS 73, Alexandre Claude, des autoroutes AREA, Nicolas Matrenchard, du conseil départemental, François Ravier, préfet de la Savoie, Mélanie Gaudillier, du CHU, et Alain Chabert, de la SFTRF. ©Autoroute INFO
Les pompiers à la manœuvre
Pour mieux redéfinir les règles d'intervention, les pompiers ont notamment été sollicités. Le colonel Fabrice Terrien, directeur du SDIS de la Savoie :
« Les pompiers de Savoie sont des éléments centraux dans ce protocole. D'abord parce qu'ils sont souvent les premiers à être sur place. C'est eux qui mènent les opérations de secours et le premier responsable des pompiers les commande... Donc on a un rôle particulier de chef d'orchestre de l'opération de secours tout au moins en phase initiale ».
Même si les pompiers avaient déjà enclenché plusieurs cycles de sensibilisation en interne, le protocole signé en préfecture devrait permettre une standardisation des comportements et une officialisation des pratiques dans lesquelles ils s'étaient déjà inscrits auparavant.
Faire connaître "le corridor de sécurité"
L’un des objectifs, c’est notamment de faire mieux respecter la règle du corridor de sécurité. Alain Chabert, directeur général de la SFTRF, Société française du tunnel routier du Fréjus, nous la rappelle :
« Si un véhicule est stationné sur la bande d'arrêt d'urgence, il y a obligation pour l'usager qui se trouve sur la voie de droite de se décaler vers la voie de gauche, pour aménager un espace sécurisé entre le véhicule arrêté sur la bande d'arrêt d'urgence et le trafic. Tout ça est à faire, sauf si effectivement le trafic est trop dense pour qu'on puisse déboîter... Cette pratique n'est pas autant respectée qu'elle le devrait même si on progresse quand même de jour en jour puisque de fortes campagnes de communication sont faites sur ce thème ».
Et c’est justement pour faire connaître ce dispositif que plusieurs panneaux pédagogiques vont être implantés le long de la Route Nationale 90 qui relie Albertville à Moutiers. Tanguy Serard, chef de district Chambéry-Grenoble pour la DIR Centre Est :
« Ils vont voir une séquence de trois panneaux qui vont leur indiquer le corridor de sécurité qui est un dispositif entré en vigueur en 2018 dans le code de la route... Certains chauffeurs poids lourds l'appliquent bien, mais rarement les automobilistes. Ces trois panneaux comporteront du texte et des images, et c'est très explicite. On vous explique qu'il faut mettre votre clignotant et vous décaler dès que vous voyez le véhicule arrêté ».
Il revient aux conducteurs d'être plus attentifs
Pour Régis Moreau, commandant de l’escadron départemental de sécurité routière de la Savoie, ce protocole va répondre à une situation qui devient de plus en plus délicate au fil des ans :
« C'est vrai qu'il y a de plus en plus de monde sur les routes. La population augmente, on est dans une zone très touristique, donc il faut vraiment que chacun soit prudent et qu'on mette en œuvre ces dispositifs... On devrait maintenant avoir un sas de sécurité, or on voit que ce n'est pas encore entré dans les mœurs, que les gens, alors même qu'il y a un balisage, des cônes ou des véhicules, ne s'écartent pas forcément. Ils restent vraiment au plus près, parfois même quand il y a des cônes installés, il arrive qu'ils les percutent et que les cônes se retrouvent au milieu de l'endroit où on travaille. Donc il y a encore énormément de travail à faire. Parfois, le fait que les distances de sécurité ne soient pas respectées aboutit à ce que les usagers ne voient pas ce qui se passe devant ou trop loin, et ils se retrouvent à être vraiment le nez sur l'événement et ne pas pouvoir réagir ».
On rappellera que, en plus de s’écarter pour laisser une voie d’intervalle entre son véhicule et ceux arrêtés en bordure des voies, ce qu’on appelle le corridor de sécurité, il est important aussi de ne pas céder à la curiosité. Trop souvent, des conducteurs ralentissent plus que ce qu'il est nécessaire pour simplement regarder ce qui se passe, quand ce n’est pas pour carrément filmer la scène avec leur téléphone. Des comportements dangereux à l’origine de bouchons et parfois même de sur-accidents.