Exposition Füssli : le fantastique s'invite au musée Jacquemart André
6 octobre 2022

Achille saisit l’ombre de Patrocle © Kunsthaus Zürich, Collection d’arts graphiques
Les amoureux du fantastique ont rendez-vous au musée Jaquemart André à Paris, géré par Culturespaces, où une exposition est consacrée au peintre Johann Heinrich Füssli. Présentation avec Pierre Curie, conservateur du musée. Il est interrogé par Emilien Faivre.
Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart André, vous présentez jusqu'au 23 janvier 2023 l'exposition “Füssli entre rêves et fantastique”. Est-ce que vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez choisi de mettre en place cette exposition Füssli au musée Jacquemart-andré ?
Heinrich Füssli est né en Suisse, mais c'est un artiste anglais et très important dans l'histoire de l'art anglais de la fin du 18e siècle. Et il n'avait pas eu d'exposition à Paris depuis 1975. C'était vraiment une lacune énorme dans la culture des Parisiens, si je puis dire. D'autant que c'est un peintre qui n'a jamais été tellement apprécié ou connu dans notre pays. Donc, quand nous avons eu l'opportunité de monter cette exposition, j'ai sauté sur l'occasion parce que je pensais vraiment que c'était un artiste pour nous, dans nos salles de dimension je dirais "humaine". C'est un peintre qui est très proche de son spectateur ; parfois pour lui faire peur ou pour lui donner des impressions de théâtre. Cette proximité est très importante, donc c'était vraiment un peintre pour [le musée] jacquemart-André.
L'exposition est présentée actuellement au public. Quand on est plongé dans le travail de cet artiste, on passe dans beaucoup d'univers avec quelque chose qui est très moderne finalement.
Oui, il a été fasciné par le théâtre dans sa jeunesse. Il avait lu des pièces, mais il n'y avait pas de théâtre à Zurich. Donc c'est quelque chose qu'il a découvert, presque émerveillé à l'âge de 20-21 ans, quand il se retrouve en Allemagne, mais surtout en Angleterre. Ensuite il va découvrir le théâtre shakespearien, qui est plein de bruit et de fureur, et d'expression des passions extrêmement terribles. Et c'est ce qu'il va rechercher dans ses tableaux. Il fait l'expression sublime de sentiments qui dépassent en fait le le quotidien des hommes et des femmes. Et il a aimé, de cette recherche presque expressionniste, du théâtre de Shakespeare.

La sorcière de la nuit rendant visite aux sorcières de Laponie © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA
S'il y avait un conseil pour les personnes qui ont envie de venir découvrir cette exposition Füssli, serait-ce de bien préparer leur visite ou justement ne pas trop se renseigner pour vraiment se laisser envoûter par cette exposition ?
Moi, je dirais d'abord, il faut venir pour Halloween, ça c'est indispensable ! Le fait est que la plupart du public va découvrir des œuvres qu'il n'a pas l'habitude de voir. Il n'y a qu'un seul tableau de Füssli en France, il est au Louvre, qui nous l’a prêté, Lady Macbeth. Cela va déjà être une surprise visuelle, c'est à dire qu'on voit très peu de ces tableaux chez nous. Donc se préparer ou ne pas se préparer, de toute façon la surprise sera grande. J'espère qu'elle sera bonne parce que c'est vraiment un artiste, qu'il soit peintre où dessinateur, qui est très intéressant, très séduisant. Alors évidemment, tous les amateurs d'heroïc fantasy, de cinéma fantastique, sont les bienvenus, mais pas seulement. Füssli représente aussi tout une part de la culture européenne du 18e siècle, de ce que nous, en France, nous appelons le préromantisme, mais qui est en fait un romantisme européen qui précède largement le romantisme français. Je dirais que tout le monde est bienvenu. Des personnes les plus cultivées connaissant le théâtre de Shakespeare par cœur jusqu'aux jeunes gens modernes qui vont y voir plutôt les prémices des mouvements gothiques.
Et l'exposition Füssli entre rêve et fantastique et interdit d'ouvrir jusqu'au 23 janvier 2023. Le musée, géré par Culturespaces, est ouvert tous les jours de l’année.
Plus d’informations sur le site internet du musée : www.musee-jacquemart-andre.com

Lady McBeth © Musée du Louvre