La future A79 dans l'Allier : un axe en plein renouvellement

Chantier A79 - Cours d'eau

© Aliae / H. Piraud

Le dossier de la rédaction est consacré cette semaine au vaste chantier de mise aux normes autoroutières de la RN79, future A79. Un axe en pleine mutation que nous présente Isabelle Lacharme, directrice opérationnelle de la société ALIAE, en charge de ces travaux. Un dossier préparé par Paul Mathiot et Olivier Noël.

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L'A79 dans l'Allier : un axe complètement renouvelé
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Cet axe est sur l’itinéraire de la RCEA, la Route Centre Europe Atlantique, qui traverse la France de part en part. La mise au norme autoroutière réalisée par Aliae concerne 88 km compris entre Montmarault et Digoin, comme l’explique Isabelle Lacharme : « C'est la traversée Est-Ouest de tout le département de l'Allier, en plein milieu de la France, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle est encadrée à l'Ouest par l'A71, l'axe Clermont-Ferrand - Bourges et à l'Est, un peu plus loin, par l'A6, du côté de Chalon-sur-Saône et Mâcon. C'est une route circulée en permanence, puisqu'il y a un gros trafic de transit entre l'Europe de l'Est pour les poids-lourds et la façade atlantique, dont l'Espagne et le Portugal. Il y a 15.000 véhicules jours en moyenne, avec 40% de poids-lourds, soit un des taux les plus élevés en France ».

Chantier A79 engin

© Aliae / H. Piraud

Un des plus grands chantiers d’Europe

C'est donc un des plus gros chantiers de France, voire d'Europe qui est mené depuis un peu plus de deux ans, avec une mobilisation importante en personnel, comme l'indique Isabelle Lacharme : « Nous sommes montés en pic à 1300 personnes l'été 2021, ouvriers et cadres compris. Avec une multinationalité, liée au fait qu'Eiffage est un grand groupe européen. Nous avons ainsi fait appel à tous nos savoir-faire et toutes nos compétences, tous métiers confondus. Ce printemps, on travaille encore avec 500 à 600 personnes quotidiennement. On a créé trois grosses bases vie sur lesquelles les gens viennent faire l'embauche le matin pour se répartir sur l'ensemble des 88 km ».

Pour un tel chantier, les chiffres sont impressionnants. A titre d'exemple, des travaux sont réalisés sur 150 ponts, pour les restaurer ou même en créer de nouveaux. « La Rn 79 est une infrastructure existante, décrit Isabelle Lacharme, elle coupe un territoire en deux, en Est-Ouest. Vous devez donc maintenir les rétablissements, avec les routes départementales, communales, les passages agricoles. Il y a donc environ 150 ouvrages. Beaucoup sont en place, quelques-uns à démolir, et certains, emblématiques, à créer. C'est le cas notamment d'un grand viaduc pour traverser la réserve naturelle nationale du Val d'Allier ».

Chantier de l'A79 Bassin

© Aliae / H.Piraud

Des mesures en faveur de l’environnement

Pour limiter les transports de matériaux et gagner en efficacité, quatre centrales à enrobé ont été construites à proximité du chantier. Elles fonctionnent au gaz pour éviter l’utilisation de groupes électrogènes. Cela permet de réduire l’empreinte carbone. Et d’autres mesures ont été prises en faveur de l’environnement : « On a créé un tapis roulant, appelé, plus techniquement, une bande transporteuse, poursuit Isabelle Lacharme. Il est relié à une carrière pour approvisionner le chantier directement en matériaux. Cela a réduit considérablement les transports, en évitant la rotation de poids-lourds, à hauteur de 160.000 trajets, et la traversée de bourgs où l'on aurait croisé des écoliers, des riverains... Cela a donc aussi réduit les risques d'accidents. »

Pour tout chantier de construction ou d'élargissement, des mesures compensatoires en faveur de l'environnement doivent être mises en place pour préserver la biodiversité, comme le décrit Isabelle Lacharme : « Quand vous créez une nouvelle infrastructure, vous venez prendre des emprises, du terrain, que vous « artificialisez ». En les recouvrant d'enrobé, de béton par endroit également. Vous empiétez donc sur l'espace vital d'espèces florales ou animales et il faut, du coup, leur redonner de l'espace de vie, voire l'améliorer pour qu'elles puissent perdurer et se redévelopper. Cela représente par exemple 47 km de haies, des centaines de mares pour les grenouilles et crapauds. De plus, nous sommes dans un pays bocager, avec de grandes parcelles de prairies encadrées de haies et avec des oiseaux qui nichent. C'est important aussi de tenir compte des calendriers de reproduction pour ne pas intervenir au mauvais moment. Il ne faut pas détruire les nids et les œufs qui sont dedans. On attend que les petits soient prêts à s'envoler pour une totale indépendance. Cela leur permet de générer le cycle suivant ».  

Chantier A79 Pont

© Aliae / H. Piraud

Première autoroute en péage flux libre en France

Une fois terminée, l'A79 sera aussi la première en France à bénéficier du péage flux libre. « Il n'y aura plus de barrière ou de ticket explique Isabelle Lacharme. Vous n'aurez plus besoin de vous arrêter à une barrière de péage. Concrètement, cela va réduire l'emprise au sol, l'artificialisation des sols et donc préserver la biodiversité en gagnant plusieurs hectares. Pour aider les conducteurs au changement, nous aurons une campagne avec de nouveaux panneaux pour les accompagner. Concrètement, quand un conducteur va passer sous un portique, des caméras et capteurs vont diagnostiquer son véhicule pour savoir s'il est déjà équipé d'un badge. Si c'est le cas, il n'aura rien à faire. En revanche, si le véhicule n'a pas de télébadge ou si celui-ci est mal positionné, on aura une lecture de plaque qui ira chercher l'info dans une base de donnée. Elle permettra de savoir si le trajet a déjà été payé. Si ce n'est pas le cas, il y aura un petit délai post passage pour régler. Sur l'A79, on a déjà trois portiques qui sont en cours d'essai pour s'assurer que l'on lit correctement les plaques d'immatriculation et que notre système sera opérationnel pour le mois d'octobre ».