La lutte contre les ravages des chenilles processionnaires le long des autoroutes
28 mars 2023

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Depuis plusieurs années, le réseau APRR travaille sur la question de la transition écologique. L'INRAE - l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement - les aides dans cette tâche. Détails dans ce reportage de Paul Mathiot et Jade Bihan.
Les espaces verts autoroutiers n'échappent pas aux conséquences du dérèglement climatique. L’été dernier, la sécheresse a affecté les sols, les fleurs, les arbres et leurs fruits. Mais ce n’est pas le seul exemple. Karine Tourret est responsable biodiversité, milieux naturels, cadre de vie chez APRR.
Elle détaille un phénomène méconnu : « On peut avoir aussi des effets plus indirects par l'attaque de ravageurs. Par exemple : les chenilles processionnaires, chenilles processionnaires du pin ou du chêne. Ce sont des ravageurs qui progressent du sud vers le nord et aussi en altitude, parce que les températures se réchauffent. L’INRAE, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, a montré qu’en une décennie, elles ont progressé de 60 kilomètres. »
Une distance impressionnante à l'échelle d'un insecte qui ne mesure que quatre centimètres. Ce qui a de quoi inquiéter puisque derrière leurs prédateurs n'arrivent pas forcément à suivre. Conséquences : « Ces ravageurs arrivent à se développer et créer des dégâts sur nos végétaux » appuie la responsable biodiversité d'APRR.

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Piège écologique contre les chenilles processionnaires
Un insecte dangereux pour l'Homme
Ces insectes sont connus pour les irritations qu'ils provoquent chez l’Homme et l’animal. Karine Tourret : « Alors les chenilles processionnaires, effectivement, c'est vraiment le caractère ultra urticant qui est dangereux pour l'Homme et les animaux. Particulièrement au stade où elles sont présentes sur les arbres et où elles vont aller consommer les petites feuilles du printemps – donc pour se nourrir – et abîmer justement ces arbres. Parfois, jusqu'à faire perdre leurs jeunes feuilles aux chênes. Les chenilles processionnaires du pin, en particulier, descendent en procession, le long du tronc, pour aller s'enterrer dans le sol dès que les températures se réchauffent. »
Différents moyens de lutter sont appliqués
Il existe donc différentes méthodes respectueuses de l'environnement pour lutter contre ces ravageurs. Les explications de Karine Tourret : « On a effectivement sur les chenilles, différents moyens de traitement. Il y a la lutte biologique, où l’on va pulvériser des bacilles de Thuringe [une espèce de bactérie utilisée comme bio-insecticide] quand elles sont au stade de chenille. Une fois ingérées, elles vont libérer une toxine et les faire mourir. On a aussi installé des anneaux qui vont les piéger, au moment justement de la descente, de la procession. »
Le réseau APRR, aux côtés de l'INRAE, s'intéresse aussi à la recherche de nouvelles solutions via l'implantation d'ennemies naturelles. « Finalement, dans nos espaces verts, on cherche à favoriser le maintien des prédateurs. La chenille est un papillon nocturne au stade adulte et le plus grand prédateur des papillons, ce sont les chauves-souris. Donc, quand on installe et qu'on maintient les conditions qui permettent aux chauves-souris de chasser, on va aussi lutter indirectement sur la pression de cet insecte. »

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Gîtes à chiroptères ou chauve-souris, près de l'A31