L'entretien des espaces verts sur autoroute : entre sécurité et respect de l'environnement

L'entretien des espaces verts

© Géraldine Milliat

Cette semaine, le dossier de la rédaction d'Autoroute INFO était consacré aux stratégies adoptées par les autoroutes APRR et AREA concernant l'entretien des espaces verts. Comment garantir la sécurité tout en préservant l'environnement ? Réponse ci-dessous.

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L'entretien des espaces verts sur autoroute
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Le fauchage différencié

Garantir la sécurité des automobilistes et du personnel autoroutier, tout en respectant le plus possible l’environnement, tels sont les enjeux de l’entretien des espaces verts. « Dès le printemps, on a une repousse de la végétation qui se passe à tous les endroits : sur les aires d'autoroute ou bien sur les bordures d'autoroute, explique Karine Tourret, responsable biodiversité, milieux naturels et cadre de vie pour la société APRR. On a besoin de prioriser, d'apporter une attention première sur la partie sécurité, visibilité des panneaux, des accès et des cheminements pour les piétons. La priorité est d'abord donnée à ces endroits qui sont parcourus par les piétons ou par les véhicules. »

Dans ces secteurs, les agents autoroutiers vont pratiquer un fauchage intensif. Ce qui ne sera pas le cas dans les zones qui ne représentent pas d’enjeux majeurs pour la sécurité des automobilistes et du personnel autoroutier. C’est ce qu’on appelle le fauchage différencié. « A contrario, on peut avoir des zones dont l'usage va être beaucoup plus récréatif ou tout simplement d'observation du paysage, poursuit Karine Tourret. Dans ces cas-là, on est plutôt sur un entretien extensif, où on va être en libre évolution, avec éventuellement une intervention fin d'été pour rabattre un petit peu la végétation, ce qui permet à la celle-ci de faire son cycle, chose qui n'est pas possible quand on est sur un entretien intensif, où les plantes sont systématiquement rabattues à un niveau très bas, les empêchant de se reproduire par le système de la graine. »

L'enjeu de la surveillance des arbres

L’entretien des espaces verts passe aussi par la surveillance des arbres présents le long du réseau autoroutier. En 2019, les autoroutes APRR et AREA ont demandé à l’ONF (l’Office national des forêts) d’effectuer des diagnostics, afin de connaitre l’état des arbres situés à proximité des voies. « Les premiers diagnostics ont fait état d'un dépérissement de certains arbres, ce qui nous a amenés à vouloir généraliser le diagnostic sur l'ensemble du tracé autoroutier et d'inventorier tous nos espaces boisé, ajoute Karine Tourret. On a un partenariat avec l'ONF jusqu'en 2024 pour diagnostiquer l'ensemble de nos bandes boisées, puisqu'au-delà d'un vrai enjeu de patrimoine végétal, il y a aussi un risque de sécurité. Des arbres secs et des arbres qui sont en bordure de voies peuvent générer derrière des risques de circulation. »

L'exemple de l'aire de Voreppe

Un diagnostic a notamment été effectué sur l’aire de Voreppe, en région grenobloise, en bordure de l’A48. Ici, 250 arbres ont été identifiés comme dangereux. De ce fait, dans le but de déterminer et de préserver les enjeux écologiques de ce site, la société AREA a également fait appel à un écologue. « Par rapport au diagnostic de l'écologue, nous avons pu garder plusieurs arbres qui n'étaient pas dangereux, affirme Fabrice Da Silva, des autoroutes AREA. Nous avons uniquement coupé les arbres à risque, ou éventuellement étêté certains arbres qui pouvaient être conservés pour un habitat naturel. L'écologue nous avait préconisé aussi de conserver des arbres morts sur le site afin de recréer un habitat pour la faune. »

Une stratégie qui semble avoir porté ses fruits selon Fabrice Da Silva : « D'après le diagnostic de l'écologue, effectivement, les animaux sont là, ils ne sont pas partis. C'est une bonne chose, on voit d'ailleurs quelques traces et quelques excréments qui le confirment. En parallèle, on avait demandé aussi à l'ONF de travailler sur un projet de replantation sur une partie de l'aire. Nous avons pu replanter plus de 200 arbres et 2200 arbustes afin de recréer une micro-forêt. Cette micro-forêt va être surveillée pendant trois ans pour que les plants reprennent. A terme, nous n'aurons plus d'entretien à faire sur cette zone, donc à peu près sur un hectare. Nous aurons juste la périphérie à entretenir afin de préserver un passage pour les équipements autoroutiers. »

Espace naturel aire de Voreppe

© Géraldine Milliat / Autoroute INFO

Les espaces naturels de l'aire de Voreppe.

L'éco-pâturage : un entretien des espaces verts respectueux de l'environnement

Il y a d’autres secteurs où l’entretien des espaces verts ne s’effectue pas par des humains, mais par des animaux ! C’est ce que l’on appelle l’éco-pâturage. Cela permet au gestionnaire autoroutier de confier l'entretien de certains terrains dont il a la charge, et aux personnes travaillant avec les animaux de bénéficier de grands espaces pour faire paitre leurs bêtes. C'est ce qu'a fait un responsable d'un centre équestre basé en Côte-d’Or. Il a installé certains de ses chevaux en bordure de l’A31, qui profitent ainsi d'un grand terrain.

Ne vous étonnez donc pas si un jour vous apercevez des chevaux, des moutons ou des chèvres à proximité d’une autoroute. Il s’agira probablement d’éco-pâturage. Les professionnels au contact d’animaux, le gestionnaire autoroutier, mais aussi l’environnement bénéficient de cette pratique.