Les conductrices et le papier rose

Femme conductrice vintage

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La chronique histoire de cette semaine retrace l'évolution des droits de la femme, depuis plus d'un siècle, dans le domaine de la conduite automobile. Un reportage de Myriam Bouayed.

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Les conductrices et le papier rose
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Les prémices de la conduite des femmes

Si on doit évoquer les premières conductrices à travers le monde, elles seront sans doute les épouses des inventeurs et ingénieurs automobiles et les aristocrates. 

En France, en 1897, c’est La duchesse D’Uzès, Anne de Rochechouart, qui fut la première dame à obtenir le « certificat de capacité », l’ancêtre du permis de conduire. Celui-ci était déjà délivré depuis 1893, uniquement aux hommes de 21 ans. Elle sera aussi la première femme à commettre un excès de vitesse : 15 km/h au lieu de 12.  

Parmi les pionnières, on évoque aussi souvent Camille du Gast, la première femme à participer à une course automobile : le Paris - Berlin en 1901. 

Durant la première moitié du XXe siècle, l’accès des femmes à la conduite demeure marginal et sous le contrôle des hommes, selon Yoann Demoli, maître de conférences en sociologie.  

Rappelons qu’avant la loi du 13 juillet 1965, les Françaises n'étaient pas autorisées à travailler, ouvrir un compte bancaire ou signer un chèque sans l'autorisation de leur mari. Même si 40 % des femmes travaillaient déjà à cette époque, les mœurs étant en avance par rapport à la loi. 

Au fil des années, elles sont de plus en plus nombreuses derrière le volant des voitures, des taxis mais aussi des autocars. 

Ces messieurs, prédisposés à taquiner le volant ? 

Mais alors, le fait de posséder des attributs masculins donnerait-il, non pas des ailes, mais une aisance naturelle sur le siège conducteur ? 

En 2022, la sécurité routière s'entretenait avec Marie-Axelle Granier, directrice de recherche en psychologie sociale de développement à l'université Gustave Eiffel. Elle explique : « Le fait, pour un homme, de croire à ce stéréotype va faire que, pour lui, prendre des risques au volant, c'est montrer qu'il est un bon conducteur. Et montrer qu'il est un bon conducteur, c'est montrer qu'il est un homme et ça va affecter leur comportement de prise de risque et notamment d'infraction. On a beaucoup plus d'infractions concernant la vitesse et concernant l'alcool au volant chez les hommes que chez les femmes par exemple. »

Pourtant, en 2021, à kilomètre parcouru équivalent, 84 % des responsables présumés d'accidents mortels se comptaient au sein de la gent masculine.  

L'épouse, éternelle passagère

Dans un autre registre, celui de la publicité, on a tellement considéré que l'automobile était une affaire d'hommes, qu'on s'adressait directement à eux. Il n'y a pas si longtemps que ça, dans les années 90, on pouvait entendre à la télévision que « cette femme attachante, qui fait 90-60-90, qui réussit à merveille le soufflé ou la quiche lorraine est follement attiré par tous ceux qui possèdent une Citroën ZX » ou encore, « il a l'argent, il a le pouvoir, il a une Audi... il aura la femme ».

Heureusement, en 20 ans, les choses ont bien changé et continuent d'évoluer. Les clichés concernant les femmes au volant continuent de voler en éclats, les chiffres de la sécurité routière aidant. Les publicitaires, eux aussi, s'adressent à l'autre moitié de la population... même si les femmes occupent encore souvent le siège passager lors des jours de grands départs en vacances.

Dessin femme auto voiture ancienne

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