Les miraculés des Andes

Avion

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Retrouvez notre série consacrée aux expéditions extraordinaires. Aujourd'hui, nous vous proposons l'incroyable histoire d'une équipe de rugby uruguayenne, naufragée dans la cordillère des Andes, à la suite du crash de leur avion.

Paragraphes

Le crash

C'est l'histoire d’une expédition qui n’aurait jamais dû être entreprise.

En octobre 1972, une équipe uruguayenne de rugby amateur s’apprête à aller jouer un match à Santiago du Chili. Un avion de la force aérienne uruguayenne est affrété. C’est la solution la moins chère et il reste une dizaine de places. Les membres de l’équipe en profitent donc pour emmener avec eux des amis et des membres de leur famille. Le vendredi 13 octobre, le Fairchild FH-227 décolle de Mendoza, en Argentine. Une fois au-dessus des Andes, l’avion survole une épaisse couche de nuages. A 15h24, pensant s’approcher de Santiago, les pilotes font descendre l’avion. L’appareil traverse une violente zone de turbulence et, une fois sorti des nuages, se retrouve cerné par les montagnes. Les pilotes se sont en fait trompés dans leurs calculs. L’avion se trouve en plein milieu des Andes. A 15 h 32, la queue du Fairchild percute une arrête. Le reste de l’avion glisse le long de la montagne et se stoppe à 3.600 m d’altitude.

Le lieu de l’accident est tellement reculé que certaines montagnes n’ont jamais été baptisées. Sur les 45 passagers, douze meurent lors du crash. Cinq autres personnes décèdent peu de temps après, à cause notamment du froid, la température descendant en-dessous des -30 °C. Les survivants, quant à eux, s’organisent et aménagent le fuselage de l’avion, qui leur servira d’abris. Ils mettent les corps à l’extérieur et rationnent le peu de chocolat et d’alcool qu’ils ont pour s’alimenter.

Les recherches, qui sont immédiatement menées par trois pays, ne donneront rien. Il faut dire que l’avion blanc est invisible depuis le ciel, au milieu des Andes enneigées.

La survie

Trois jours après le crash, un membre de l’équipe nommé Nando Parrado et que l’on croyait mort se réveille. Ses camarades lui apprennent le décès de sa mère, victime de l’accident. Sa sœur décède quatre jours plus tard, des suites de ses blessures.

Au dixième jour, la nourriture commence à manquer. L’eau n’est pas un problème puisqu’ils sont entourés de neige. Mais la nourriture, ce n’est pas la même chose. A cette altitude, rien ne pousse. Il n’y a pas un seul brin d’herbe à manger. C’est alors que les naufragés décident de manger les morts. Les corps sont parfaitement conservés grâce aux températures glaciales. Ils reprennent ainsi des forces et de l’énergie.

Le 29 octobre 1972, soit seize jours après le crash, le sort s’acharne. Une avalanche se déclenche, enseveli entièrement le fuselage de l’avion, qui sert d’abris aux survivants, et tue huit personnes supplémentaires. Il n’y désormais plus que 19 rescapés, qui passeront trois jours sous la neige avant qu’ils ne parviennent à s’extraire.

Les jours suivants, de petites expéditions sont organisées pour explorer les alentours. Et un jour, Nando Parrado et deux de ses camarades retrouvent la queue de l’avion dans laquelle ils récupèrent un peu de nourriture ainsi que des piles. L’espoir renait ! Grâce à ces piles, ils vont tenter de faire fonctionner la radio du cockpit et appeler du secours. Mais ça ne marchera pas.

L'expédition

Les semaines passent, les blessés, les malades et les plus faibles meurent, et la nourriture manque. La plupart des corps ont été mangés. Il n’en reste que très peu, notamment la mère et la sœur de Nando, qui est désormais décidé à partir. Le 12 décembre 1972, 60 jours après le crash, Nando Parrado part en compagnie de Roberto Canessa et d’Antonio Vizintin. Pour lui, il faut aller à l’ouest retrouver le Chili, car à l’est, toujours selon Nando, se trouve le reste des Andes. La petite équipe prend donc la direction de l’ouest, sans savoir que l’avion s’est en fait crashé en Argentine et qu’à une trentaine de kilomètres à l’est, à l’opposé de la direction qu’ils prennent, se trouve un hôtel…

Ils partent sans matériel adapté, avec quelques morceaux de chair humaine et un sac de couchage conçu à partir des matériaux isolants de l’avion. Ils pensent parvenir au sommet, qui culmine à 4.600 m, en une journée. Mais la progression est lente et difficile. Il leur faut trois jours pour se hisser sur le sommet de la montagne. Mais quand Nando regarde de l’autre côté, lui qui pensait y trouver les vertes vallées du Chili, son sang se glace. Il n’aperçoit que des montagnes. Rien que des montagnes. Nando est persuadé qu’il va mourir...

Mais il mourra en tentant d’aller le plus loin possible. Roberto décide de continuer à ses côtés, tandis qu’Antonio fait demi-tour. Les deux hommes poursuivent leur expédition, affaiblis, alors que leur stock de nourriture s’épuise. Et après des efforts intenses et continus, le paysage change. La neige et la glace laissent place à l’herbe et aux fleurs. Après dix jours et dix nuits de marche et près de 60 km parcourus à travers les Andes, Nando et Roberto aperçoivent un fermier chilien, qui part immédiatement chercher de l’aide. Les secours, grâce aux indications de Nando, récupèrent ensuite le reste des survivants sur le lieu du crash.

Ils auront passé 72 jours dans les Andes. Sur les 45 personnes qui ont embarqué à bord du Fairchild FH-227 le vendredi 13 octobre 1972, seize ont survécu.

Texte : Antoine Aupart / Réalisation : Stéphane Schmidt