Pénurie de carburant ? Non, mais des difficultés d'approvisionnement
7 octobre 2022

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Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, déclarait cette semaine : "Il n'y a pas de pénurie de carburant". Pourquoi faut-il alors se lancer dans une chasse au trésor pour trouver des stations ouvertes ? C'est la conjonction de différents facteurs qui provoque ces difficultés d'approvisionnement.
Tout d'abord, dans les stations Total, c'est la rançon du succès qui s'ajoute à une prophétie autoréalisatrice. Les stations de ce groupe appliquent une baisse du prix de 20 centimes par litre, qui vient s'ajouter à l'aide d'Etat de 30 centimes par litres. Cette promotion alléchante en fait la cible privilégiée des automobilistes, qui s'y rendent en priorité. Un employé d'une station de Dijon que nous avons contacté témoigne : "On distribue en un jour ce qui, en temps normal, dure deux à trois jours". L'approvisionnement se faisant au jour le jour, les employés eux-mêmes découvre à 18h au soir s'ils seront réalimenté le lendemain.
Et puis un réflexe humain mais contre-productif : à l'annonce d'une remonté des prix dès le mois de novembre - l'Etat diminuant son aide de 20 centimes par litre et Total de 10 centimes par litre dès la fin du mois d'octobre - les automobilistes prennent peur de l'impact sur leur budget et font des stocks pour profiter des derniers jours de la remise sur les prix du carburant. Une réaction naturelle, mais qui augmente la demande alors que l'offre, elle, n'arrive pas à suivre. Pourtant, malgré les problèmes d'approvisionnement, il y a toujours des stocks, assez pour les besoins de tous si chacun se sert avec mesure.
On distribue en un jour ce qui nous prend normalement deux ou trois jours.
Quant à la raison pour laquelle l'offre n'arrive pas à suivre, là encore des raisons diverses.
Deux des six raffineries de pétrole de France sont en grève depuis la fin novembre : les raffineries de TotalEnergie en Seine-Maritime et d'ExxonMobile en Normandie. Les grévistes ont voté mercredi 5 octobre la reconduction de la grève, dont la poursuite reste à prévoir. Dans la raffinerie de TotalEnergie, les grévistes réclament une hausse des salaire de 10%. Chez ExxonMobil, c'est 7.5% qui sont demandés. A l'heure actuelle, les négociations se poursuivent entre les syndicats ouvriers et le patronat.
Plus récemment, c'est la raffinerie de Feyzin à Lyon qui est entrée en grève, plus précisément son service expédition, en charge des approvisionnements.
A cela s'ajoute bien sûr l'embargo sur le pétrole Russe effectif dans l'union européenne. Il faut alors ce tourner vers d'autres voies d'importation, comme les pays de l'OPEP+ qui ont annoncé une diminution de leurs exportations dès novembre : 2 millions de barils en moins par jour.
Autant de raisons qui rendent l'approvisionnement difficile, quoi que suffisant pour tous si chacun se sert dans la mesure du raisonnable, bien que tous ne pourrait pas faire le plein au même prix.