Plongée dans l'univers du véhicule électrique

Véhicule électrique et borne de recharge

© Adeline Després

Le dossier de la semaine s’intéresse à la voiture électrique. De plus en plus présente aujourd’hui, elle reste cependant l’objet de craintes quant à son utilisation. La peur de ne pas trouver de borne de recharge, de ne pas avoir le véhicule adapté, de ne pas pouvoir faire de longs trajets en sont quelques unes. 

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Plongée dans l'univers du véhicule électrique
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Pour rouler en électrique, il faut déterminer ses besoins pour choisir son type de véhicule et surtout sa batterie. "Pour un trajet domicile-travail ou des déplacements assez régionaux, une batterie de l'ordre 30 à 40 kWh doit pouvoir suffire. Le trajet moyen aujourd'hui en France étant de l'ordre de 30 à 35 km par jour", précise Emmanuel Flahaut, président de Retrofleet. Pour plus d'autonomie, il faut donc passer sur des batteries supérieures, mais pas uniquement. Il y a aussi un état d'esprit à adopter. "On n'aura pas des batteries à 1000 km d'autonomie. Il faut plutôt aborder la mobilité avec l'intégration dans nos trajets d'une recharge qui peut être plus ou moins rapide, mais qui est aussi un nouveau cas d'usage que l'on doit maintenant s'approprier", ajoute-t-il. 

Un bon niveau de déploiement

Au 31 janvier dernier, la France comptait 85.284 points de recharge sur son territoire, soit une augmentation de 57% en un an, selon le baromètre du ministère de la transition écologique et de l’Avere-France. Ces points de recharge sont majoritairement situés sur des sites commerciaux ou des parkings, et seulement ¼ de ces bornes se trouvent sur la voirie. La moitié de ces unités proposent des puissances de charge de 7 à 22 kW. Autre chiffre important, le taux de disponibilité moyen d’un point de recharge oscille autour des 85%. Même si la meilleure charge est celle que l’on fait à domicile, force est de constater qu’un effort considérable est réalisé aujourd’hui pour le déploiement de ces bornes.

Le réseau autoroutier équipé

Toutes les aires de services des autoroutes APRR et AREA disposent de bornes très haute puissance pour la recharge. "Le temps d'une pause, on peut refaire le plein pour repartir en toute sécurité. Ces stations sont toutes interopérables, c'est-à-dire qu'elles peuvent servir l'ensemble des véhicules du marché. Elles permettent également d'utiliser tous les moyens de paiement comme la carte bancaire, les cartes de mobilité, le téléphone ou la montre, et bientôt le véhicule lui-même qui servira de porte-monnaie", annonce Bruno Bouvard, chef du département installations commerciales pour APRR et AREA. 

Plus de limite pour les trajets longue distance sur autoroute

C'est justement ce que nous allons tester. Nous avons rendez-vous devant la tour Eiffel, pour un voyage d'une ville olympique à l'autre, entre Paris et Albertville, sur les réseaux APRR et AREA. C'est parti pour un "autoroute trip" de 621 km avec 2 gros arrêts recharges prévus. Car oui, il faut anticiper et s'intéresser aux lieux où nous allons pouvoir recharger avant de partir. Bye bye la tour Eiffel, direction les Alpes via l'autoroute A6, nous avalons les kilomètres aux limitations en vigueur. Les paysages défilent et la batterie se vide.
Premier stop en vue comme prévu sur l'aire de Venoy Chablis ou sur l'aire de la chaponne sur A6. Nous jouons la sécurité et nous nous arrêtons sur la première. Après 1h45 de trajet, 175 km et 29% d'autonomie, sur place toutes les bornes très hautes puissances sont disponibles. Paiement facile par carte bancaire et la charge de débuter pour la voiture le temps d'une pause toilettes - café. Le trajet reprend 33 minutes plus tard avec 91% de batterie. Vitesse de croisière calée à 130 km/h, nous poursuivons, direction Lyon.
2 heures et 240 km plus tard, deuxième stop recharge conforme à nos prévisions sur l'aire de Dracé. Avec 16% d'autonomie cette fois-ci, nous testons la carte de mobilité, et là aussi, début de charge immédiat. La voiture et nous-mêmes allons nous recharger pour une pause déjeuner planifiée d'une heure... Au final, c'est la voiture qui nous a attendue. 97% retrouvés en 57 minutes.
Nous reprenons la route des Alpes, avant d'atteindre notre objectif 2 heures et 200 km plus tard. Arrivée à Albertville, le bilan s'impose : 621 km parcourus en 8h40, 74€ de recharge soit 11€91 pour 100 km, et l'équivalent d'une consommation de 5.5 litres au 100 pour un véhicule thermique sur autoroute.  

Une autre idée du voyage

Pourtant plus long qu'en véhicule thermique, le trajet m'a paru moins fatiguant avec les pauses toutes les 2 heures. C'est également l'avis de Christophe Debonne, président de l'AFUVE (Association Francilienne pour l'Usage du Véhicule Electrique) : "on se rend compte que c'est beaucoup plus agréable de rouler puisque la pose s'impose finalement à cause de la voiture. Mais en fait, c'est vraiment utile. C'est vraiment reposant et on profite d'autant plus du trajet. Et il faut considérer qu'à chaque fois que l'on s'arrête, il faut mettre à profit ce temps que l'on a pour recharger sa batterie, même pour 5 minutes". Une autre philosophie du voyage... décarboné.