Sur le toit du monde

Le Mont Everest

© Andrii Vergeles

Retrouvez notre série consacrée aux expéditions extraordinaires. Aujourd'hui, nous vous racontons la première ascension de l'Everest. Le récit de cette aventure est à écouter ci-dessous.

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Une expédition ambitieuse

Nous sommes en 1953. Plusieurs tentatives de conquête de l’Everest ont déjà été menées. L’année précédente, une équipe suisse était d’ailleurs toute proche de réussir l’exploit, mais a dû faire demi-tour à quelques centaines de mètres du sommet, en raison de conditions météo défavorables.

Quand il arrive au Népal et à Katmandou, le colonel anglais John Hunt, qui dirige la prochaine expédition pour l’ascension de l’Everest, sait que les Britanniques n’auront pas d’autre occasion d’être les premiers à atteindre le point le plus haut de la planète. Il monte alors ce qui est sans doute l’expédition la plus ambitieuse jamais organisée.

Lorsque John Hunt et son équipe partent de Katmandou le 10 mars 1953, 7,5 tonnes de matériel sont acheminées. Cela nécessite la mobilisation de plus de 600 hommes. Au bout de 17 jours de marche, les membres de l’expédition arrivent à Tengboche, à près de 3.900 mètres d’altitude. Le froid commence petit à petit à se faire sentir et les hommes font peu à peu connaissance. Parmi les alpinistes, on retrouve un certain Edmund Hillary, un apiculteur de 33 ans, qui maitrise déjà l’ascension des plus grandes montagnes de Nouvelle-Zélande. Hillary se rapproche, malgré la barrière de la langue, d’un sherpa : Tensing Norgay, qui connait parfaitement le massif de l’Everest – il était de l’expédition suisse de 1952.

Edmund Hillary et Tensing Norgay

Edmund Hillary et Tensing Norgay

La préparation

À Tengboche, les hommes s’entrainent pendant quinze jours. Ils s’habituent ainsi à l’altitude et au manque d’oxygène. Le premier obstacle à passer, l’un des plus redoutables, est la cascade de glace du Khumbu : 760 m de haut. Il faut en gravir la moitié. C’est Ed Hillary qui est chargé, le 12 avril, d’explorer cette cascade et d’ouvrir un chemin pour les porteurs. Des blocs de glace risquent de se détacher à tout moment. D’énormes crevasses doivent être franchies à l’aide d’échelles, dans un premier temps. Mais ces failles sont si nombreuses, que les hommes se retrouvent à court d’échelles. Il faut alors aller couper des arbres pour pouvoir franchir les obstacles restants.

Ed et Tensing se montrent particulièrement courageux pendant l’exploration très risquée de cette cascade du Khumbu. Les deux hommes veulent se montrer : c’est en effet John Hunt, le chef de l’expédition, qui décidera qui, parmi les treize alpinistes, aura la chance de tenter l’ascension finale.

Les jours passent. Plusieurs campements sont installés à différentes altitudes. Le jour J approche. Le 7 mai, Hunt convoque son équipe d’alpinistes et prononce les noms du premier duo de grimpeurs qui s’élancera à la conquête de l’Everest. Ce sera Tom Bourdillon et Charles Evans. Ed Hillary et Tensing Norgay ne partiront qu’après le premier binôme.

Pendant les jours suivants, les membres de l’expédition progressent sur la montagne et notamment sur la face du Lhotse, qui va permettre de rejoindre le col sud à une altitude de 7.900 m, point de départ pour l’ascension finale.

L'ascension finale

26 mai. C’est le grand jour. Tom Bourdillon et Charles Evans s’élancent en direction du sommet de l’Everest. Ed Hillary et Tensing les aperçoivent une dernière fois au loin, avant qu’ils ne deviennent invisibles. Plus tard, Bourdillon et Evans redescendent, épuisés. Tensing se précipite sur eux… Ils n’ont pas atteint le sommet. Leur système à oxygène était défectueux. Les deux hommes ont donc fait demi-tour. C’est désormais au tour d’Hillary et de Norgay de tenter l’ascension.

Elle se fera en deux étapes. Le 28 mai, Ed et Tensing établissent un petit campement à 8.500 m. La tente est installée sur un bande de 90 cm de large et de 3 m de long. Ils y passeront la nuit. Une nuit peu réparatrice : ils ne dormiront pas plus de quatre heures dans un froid glacial et sous des vents d’une force effroyable.

6 h 30 le lendemain matin. Les deux hommes ont chargé leur bouteille d’oxygène sur leurs épaules. Ils sont prêts. La température avoisine les -30 °C et le manque d’oxygène se fait sentir. Leur cerveau tournent au ralenti quand ils se retrouvent face à une pente très escarpée de 120 m de haut. Une avalanche peut se déclencher à tout moment. Ed se retourne vers Tensing pour lui demande ce qu’il en pense : « c’est trop dangereux », dit-il. Ed marque un temps et repose la même question. Tensing répond : « comme tu veux ». La décision est prise : ils iront jusqu’au bout.

À partir de là, ils risquent leur vie à chaque pas. Ils atteignent le sommet sud à 9 h, puis progressent sur la crête suivante. À leur gauche : un vide de 2.400 m. À leur droite : un précipice encore plus abyssal. Ils arrivent alors devant une falaise rocheuse qui leur barre la route. Pas question de faire demi-tour. Ed l’escalade mort de peur. S’il se rate, il retombera 3.350 m plus bas. Mais il y parvient et aide Tensing à le rejoindre en haut de la falaise. C’était le dernier obstacle. À petits pas, ils se rapprochent du sommet et à 11 h 30, le 29 mai 1953, ils deviennent les premiers hommes à marcher sur le toit du monde à 8.850 m d’altitude.

Récit : Antoine Aupart / Réalisation : Stéphane Schmidt

Billet Ed Hillary

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Un billet de 5 dollars néo-zélandais, à l'effigie d'Edmund Hillary