Téléphone au volant : les chauffeurs poids lourds également à l'amende

L’ASFA (l’Association des socitétés françaises d’autoroute) a mené une étude sur le comportement des chauffeurs poids lourds vis-à-vis du téléphone au volant. Appelé “Observatoire téléphone au volant”, il a été mené sur la base du volontariat par trois chauffeurs poids lourds. Christophe Boutin, délégué général de l’ASFA, nous explique la méthode utilisée :

"Nous avons des caméras placées à l'intérieur des cabines qui surveillent toutes les actions des chauffeurs. Tout a été fait dans des conditions qui respectent leur anonymat. Il n'est pas question de les mettre à l'index. Cela permet d'observer sur une période assez longue les différents comportements du chauffeur pendant son temps de travail et de conduite, ce qui est très important parce qu'on peut évidemment en déduire que, lorsqu'ils ne sont pas sous la surveillance d'une caméra, il y a peu de chances que leur comportement soit meilleur.”  

Résultat, malgré les caméras, le téléphone est bien souvent dans les mains des chauffeurs. Christophe Boutin développe :

“En moyenne, les chauffeurs observés dans cette étude utilisent leur téléphone 10 fois par heure lorsqu'ils conduisent. La durée moyenne d'utilisation est quand même de 32 secondes, avec des allers-retours des yeux entre la route et le téléphone. Mais les périodes ou les yeux restent fixés sur le téléphone s'échelonnent de 2,5 à 7 secondes environ. Si on rapporte ça à la vitesse d'un poids lourd, ça représente entre 60 et 175m parcourus par ce poids lourd alors que le chauffeur ne regarde pas la route.” 

Au-delà de pointer du doigt les comportements, c'est la question de la sécurité qui est mise en cause par Christophe Boutin :

“C'est un sujet majeur pour les sociétés d'autoroute, c'est la sécurité de nos personnels qui en dépend et on constate que l'inattention est à l'origine de 38% des accidents qui touchent notre personnel. Il n'est pas sans conséquence, on en observe malheureusement presque tous les mois les conséquences concrètes sur nos matériels et sur les agents. C'est une prise de conscience qui doit se faire, ça sera un effort difficile. Nous répétons ce message pour qu'il soit enfin pris en compte et que derrière nos véhicules et nos matériels, les chauffeurs se rappellent qu'il y a des hommes qui travaillent pour eux et qu'il convient de les protéger et de les respecter, tout simplement.” 

En espérant que des mesures fortes soient prises, comme cela a été le cas pour le corridor de sécurité. Rappelons enfin que, depuis le début de l'année, cinq agents sont morts sur les autoroutes et les routes françaises alors qu'ils étaient en train de travailler.