Youri Gagarine, un homme dans l'espace
12 avril 2021
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A l'occasion des 60 ans du vol Vostok 1, Autoroute INFO vous propose de (re)découvrir l'histoire de la conquête de l'espace menée par les Etats-Unis et l'URSS.
A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, deux blocs s’affrontent idéologiquement : le bloc de l’Ouest d’un côté mené par les Etats-Unis, et celui de l’Est de l’autre avec à sa tête l’URSS. C’est la guerre froide : une longue période de tension entre les deux blocs pendant laquelle plane le spectre d’une Troisième Guerre mondiale. Et la conquête de l’espace va rapidement devenir un enjeu majeur.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis parviennent à mettre la main sur Wernher von Braun, l’ingénieur allemand qui a conçu les fusées V2, les premiers missiles balistiques de l’histoire. C’est lui qui sera chargé de développer les fusées qui permettront aux Américains de conquérir l’espace.
L'avance soviétique
Pourtant, le 4 octobre 1957, les Soviétiques sont les premiers à mettre en orbite un satellite artificiel. Il s’appelle Spoutnik 1 et a été conçu par l’ingénieur Sergueï Korolev. Les Américains sont désormais conscients qu’ils doivent répliquer rapidement. En effet, si les Soviétiques sont capables d’envoyer un objet dans l’espace, ils peuvent à tout moment équiper une fusée d’une bombe atomique et atteindre n’importe quel point sur Terre. Mais un mois après Spoutnik 1, les Soviétiques vont plus loin. Ils envoient Laïka, une chienne, dans l’espace. Elle devient ainsi le premier être vivant mis en orbite autour de la Terre. La chienne ne reviendra pas vivante de son périple. Les Soviétiques n’ayant de toute manière pas prévu de récupérer l’animal.
Les Américains, quant à eux, parviennent à mettre en orbite leur premier satellite artificiel, quelques semaines plus tard, le 31 janvier 1958. C’est alors que l’on pense à envoyer un homme dans l’espace. Mais peut-on survivre là-haut ? Rien n’est moins sûr. Et pourtant, les candidats parmi les pilotes de l’armée de l’air qui souhaitent devenir le premier homme en orbite sont nombreux en URSS. Korolev dresse le portrait-robot du profil idéal : il doit mesurer moins d’1 m 70, la trentaine et peser moins de 70 kg. Six hommes sont retenus. Ils sont soumis à une série de tests et à des conditions extrêmes, afin de tester leur résistance physique. Il faut dire que l’on ignore tout des effets de l’apesanteur. Personne ne sait si l’homme peut vivre dans l’espace et s’il peut résister à des vitesses folles. Il faut, pour quitter l’attraction terrestre, pouvoir supporter une vitesse de 28.000 km/h. Certains hommes frôleront la mort pendant les tests.
Le choix Youri Gagarine
Pendant ce temps, les Etats-Unis et Von Braun tâtonnent et prennent du retard. Un retard qu’ils ne rattraperont jamais. Korolev a choisi le premier homme qui ira dans l’espace : ce sera Youri Gagarine. A bord du vol Vostok 1, il n’aura qu’un rôle d’observateur puisque le vaisseau sera piloté depuis la Terre. La date du vol approche mais Korolev a des doutes. Dernièrement, plusieurs essais ont échoué, coûtant la vie à des chiens. C’est une chose d’envoyer un homme dans l’espace. Encore faut-il savoir le faire revenir. Et c’est peut-être ça le plus difficile. Pour quitter l’orbite, il faut faire ralentir le vaisseau lancé à 28.000 km/h. Pour cela, on fait fonctionner des rétrofusées qui doivent être actionnées de manière très précises. Trop de puissance, et la capsule retombera trop rapidement vers la Terre et sera carbonisée en entrant dans l’atmosphère. Pas assez de puissance et elle rebondira sur cette atmosphère et se perdra dans l’espace sans possibilité de retour.
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Un vol extrêmement risqué
Quand Youri Gagarine embarque le 12 avril 1961, à la base de lancement soviétique basée au Kazakhstan, Korolev sait que ses chances de survies sont à peine supérieures à 50 %. Le compte à rembours commence… la fusée décolle… le vol se déroule normalement. Trois minutes après le décollage, l’appareil atteint les 28.000 km/h. Après cinq minutes, Gagarine est le premier à voir notre planète depuis l’espace, et quelques instants plus tard, il ne ressent plus les effets de la gravité. A 300 km d’altitude, Gagarine déclare se sentir parfaitement bien. Après plus d’une heure, les rétrofusées sont actionnées. Le vaisseau perd de la vitesse et repart en direction de la Terre. Mais le module contenant ces rétrofusées et censé se détacher reste lié à la capsule. Si les deux parties restent solidaires, le cosmonaute n’a aucune chance de survie. En entrant dans l’atmosphère le module vibre et prend feu, ce qui fait fondre les câbles qui reliaient la capsule aux rétrofusées. A 7 km du sol, Gagarine est éjecté de Vostok 1 et atterri à l’aide de son parachute au beau milieu de l’URSS. Il aura mis 108 minutes pour faire le tour de la Terre et revenir.
Le cosmonaute est accueilli en héros et reçu à Moscou sur la place Rouge par Khrouchtchev deux jours plus tard. Il ne retournera jamais dans l’espace. Gagarine meurt sept ans plus tard dans le crash de son avion, lors d’un vol d’entrainement.
Quelques jours après le vol Vostok 1, le président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy, déclare que les Américains enverront un homme sur la Lune, avant la fin de la décennie.
Texte : Antoine Aupart / Réalisation : Stéphane Schmidt